mardi 26 juillet 2011

Bas les masques 2 : On ne masque pas ses sentiments


RIDING ALONE : Pour un fils
Film de Zhang Yimou.

Takata Kôichi est depuis des années en froid avec son fils Kenichi. Un jour, il est contacté par sa belle fille Rie qui lui annonce que Kenichi est gravement malade et qu'il réclame son père. Mais lorsque Takata se rend à Tokyo, il comprend vite que Rie ne lui a pas dit toute la vérité : hospitalisé, son fils refuse de le recevoir à son chevet. Rie remet alors à Takata une vidéo qui l'aidera peut-être à connaître enfin son fils. La vidéo contient un reportage sur un opéra chinois filmé dans la province chinoise du Yunnan. Cependant, Kenichi n'avait jamais pu finir son projet. Takata décide donc d'embarquer pour la Chine afin d'achever l'œuvre de son fils.

J’ai regardé le DVD de ce film hier soir. De jolis moments d’émotion, comme celui du banquet offert par les villageois Chinois à Takata (le japonais), celui où sa belle-fille au téléphone lui lit la lettre que son fils lui a écrit avant de mourir, dans laquelle il lui parle de son amour pour l’Opéra chinois ; et c’est la voix de son fils qu’il entend, alors qu’il est à des milliers de kilomètres du Japon pour retrouver ce chanteur/danseur, le filmer, pour un ultime cadeau à son fils :

"Les gens n’ont jamais compris ma passion pour l’Opéra traditionnel chinois ; l’Opéra des Masques. Ils m’attirent parce qu’ils sont le reflet de ma propre vie. J’ai fini par prendre conscience que c’était moi l’acteur derrière le masque. J’ai voulu cacher mon chagrin et faire semblant devant mes proches. Mes vrais sentiments se dérobaient à moi, derrière la carapace, jusqu’à maintenant. Je ne me suis pas autorisé à les reconnaître, à les admettre. Un quelconque opéra n’a pas d’importance, ce qui compte, père, je le vois maintenant, c’est d’exprimer ses sentiments à ceux qu’on aime, c’est qu'on ne masque pas nos sentiments.
J’attends ton retour avec impatience, pour te parler face à face."

J'ai capturé ces photos (floues) sur l'écran, ce pourrait être une histoire sans parole, un moment fort dans le film, où le chanteur d'Opéra, en prison, avant d'interpréter son chant et sa danse avec ses musiciens eux aussi détenus, retire son masque et où l'on voit (pas ici mais dans le film) Takata pleurer (un japonais ne doit jamais montrer ses sentiments, lire ici) et sur le visage du chanteur chinois l'émotion, intense. Le chanteur lui dit qu'il va chanter pour Kenichi, le fils de Tanaka, malade, et il veut que Tanaka le filme pour lui offrir cette vidéo. Tanaka lui dit : non, je veux juste vous voir chanter, ce n'est pas la peine de filmer; mais le chanteur insiste, il veut que Kenichi le voit, il ne sait pas que Kenichi est mort. Et Tanaka accepte de le filmer... pour son fils.

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La suite de cette scène ci-dessous. Ce sont les dernières images du film.



Je ne savais en regardant ce film qu’on allait y parler de "masque" et que, ce serait donc dans la continuité de mon "Bas les masques". La lettre de Kenichi à son père exprime aussi ce "Tout esprit profond a besoin d’un masque" de Nietzsche.

Ce film n'est jamais sorti en salle, seulement en DVD. C'est dommage.