mardi 21 septembre 2010

Voyage au wagon-bar

Lundi 13 septembre.
J’étais encore à Paris quand j’avais écrit ceci. Rien n’est à supprimer.
La matinée a vite passée, un dernier café au bout de la rue Montorgueil cette fois, près du Forum, porte Saint Eustache, au soleil, le cœur un peu nostalgique d’être toujours si solitaire. Puis il fallait remettre les affaires éparpillées dans la valise, laisser le studio propre, faire quelques photos de cet endroit, déjeuner sur le pouce, tout cela en ne pensant qu’à…mes chers ami(e)s, mais aussi à celui avec qui j’avais passé une chaleureuse après-midi dans les rues du Marais, je pensais à tout cela en grignotant mes nems, mon poulet sauce piquante avec le riz cantonnais achetés rue Montorgueil, mais je pensais je pensais je pensais à… Bref, l’heure est arrivée de quitter les lieux, je dis au propriétaire que tout était parfait et, que je reviendrai bientôt… le taxi que j’avais réservé était en bas, à l’heure, pour m’emmener à la gare.
Il était 15 h et c’était déjà le bordel rue Réaumur, c’est pour cela que j’avais pris de l’avance pour aller à la gare. C’était fou ces embouteillages mais ils faisaient partie, avec le bruit, de cette immersion; puis nous avons réussi à traverser la rue Réaumur, au forcing et j’ai pu regarder à travers la vitre le Carrousel du Louvre, la Cour Carrée avec la Pyramide, j’avais comme une envie de revenir en arrière huit jours plus tôt et de me remplir de ce que je n'avais pas eu le temps de voir - et de le revoir - plus longtemps et puis et puis et puis…
Je demande au chauffeur de me déposer porte Oceane (une pensée pour Oceania, dès que je vois ce nom je pense à elle maintenant. Près de chez moi, l'hôtel Oceania...), je suis en avance et je ne veux pas qu’il me dépose au départ des grandes lignes, c’est kafkaïen ! J’ai le temps d’aller boire un thé, ailleurs que dans la gare. J’ai hâte maintenant de retrouver mon sweet home.

Dans le train, plus tard, je fais le bilan de ces jours passés, positif, malgré un rendez-vous manqué tout de même ou malencontreusement rapide.
J’étais en première, les prix maintenant sont devenus attrcatifs avec les prem’s et autres formules. Une place en « duo » avec une femme au visage fermé et au corps gras en face de moi. Elle allonge ses jambes, nos pieds se touchent, je ne sens rien d’aimable dans son regard, j’écarte les miens. Une demi heure que le train est parti et une odeur insupportable se dégage près de moi, je ne sais d’où elle vient, ça pue carrément des pieds, oui en première ça fouette! (comme disait ma mère qui me faisait rire quand elle disait ce mot). Il est 12 h 30, j’ai une petite faim, je ne vais pas manger ma quiche avec cette odeur dans le nez ! Je prends mon sac et je vais au wagon-bar. Je commande un café et je m’installe délicatement en face d’un type qui sommeille, la seule place, en duo, dans ce wagon. Il ouvre un œil et me sourit. Zut, je ne voulais pas qu’il se réveille. Il a deux fossettes de chaque côté de la bouche, un beau visage, il ressemble à William Holden avec les cheveux de Brad Pitt !. Je mange ma quiche, il est discret et détourne son regard. Ce wagon est bien aéré, il y a peu de monde au bar, pas de mauvaise odeur, je suis bien mieux ici, c’est un wagon de seconde classe, je m’en fiche, je vais rester là, ma place de première est juste dans la wagon attenant.
Je regarde le ciel plus beau qu’à l’aller.




"William" téléphone à son fils, apparemment c’est un grand voyageur, il lui dit :
- Je suis dans le train, je suis en France, je dors à Rennes et demain je remonte à Paris pour prendre l’avion pour Moscou. Mais oui, je vais te donner de l’argent de poche. Tu es gentil avec ta mère hein ! (Il lui a dit trois fois cette phrase).
Trop mignon cet homme qui demande à son fils d’être gentil avec sa mère, douce attention pour sa femme. Il descend effectivement à Rennes et me souhaite un bon voyage avec son beau sourire. Je m’installe à sa place, dans le sens de la marche. Le train se vide à Rennes. Je crois que je ne vais plus voyager en première, mais en seconde dans le wagon-bar, c’est impeccable. Je n’arrive pas à lire, trop de souvenirs de ces derniers jours. Je suis heureuse. La nuit tombe, je vois une femme dans la vitre…


Quand retournerais-je à Paris ?