Ce matin j'ai relu quelques-uns de mes billets du début. Je me trouvais plus inspirée et je me demandais une fois de plus si je n'allais pas trop me répéter à vouloir poursuivre, surtout quand je parle de moi. Il faudrait que j'arrive à parler d'eux, mes parents, je n'y arrive pas. Tout était trop doux, trop bon avec eux, aucune tourmente. Peut-être y parviendrais-je, un jour, plus tard.
Cet après-midi j'étais à la recherche de deux livres à offrir, l'un pour mon frère, l'autre pour sa femme. Aucun des deux n'ont les mêmes goûts que moi et j'étais confrontée à un dilemme : choisir un livre que je n'aurais pas vraiment envie de lire mais qui leur plaira ou choisir un livre qui leur plaira mais me plairait aussi. Cette dernière option sera la mienne. J'y retournerai vendredi faire ce choix chez le libraire, et je trouverai. Je dois les voir dimanche.
En cherchant quelques idées dans les revues littéraires, je tombe sur Anaïs Nin! Je parcourais justement à la librairie quelques pages de son journal qui, bien entendu, m'intéresse. Je n'ai lu que sa Correspondance passionnée avec Henry Miller.
"J'aimerais une vie avec beaucoup d'aventures"
Anaïs Nin, interviewée par Jean Chalon et Bernard Pivot en 1974, a commencé son journal dès l'âge de 10 ans. "Comme pour le journal d'un bateau, on voit sa direction, on voit si sa vie devient étroite".
Dans cette vidéo de l'INA elle évoque également dans un français parfait ses rapports avec les artistes comme Henry Miller et Antonin Artaud.
Je lis aussi cet article dans le Magazine Littéraire :
Les grands lecteurs
De nos jours ce n’est pas l’absence de Grands Écrivains (dont Dominique Noguez a dressé, jadis, un portrait acide) qui m’inquiète, c’est la disparition recherchée, voulue, je dirais presque planifiée du Grand Lecteur. Qu’est-ce qu’un grand lecteur ? Sans doute une personne pour qui le livre n’est pas un ornement de table basse ou le Goncourt offert pour les fêtes à la belle famille parce que l’on a épuisé toutes les idées de cadeaux. Mais il faut bien dépasser cette définition étriquée. Le grand lecteur ne se limite pas au nombre d’ouvrages ouverts. D’ailleurs,le livre ne se donne pas si on le parcourt. Le grand lecteur est celui qui sait «s’abandonner totalement à lui,esprit comme corps, esprit plongeant dans les pages comme la tête ». J’emprunte cette définition à l’essai de Charles Dantzig, Pourquoi lire* ?, qui soutient, avec talent, que la lecture est «soeur de la littérature».
Bernard Pivot a écrit un article dans le JDD sur le livre de Charles Dantzig et j'aime bien cette phrase : "Lire ne sert à rien". Ça ne sert à rien, mais c'est indispensable, c'est nécessaire, c'est vital.
Un jour j'ai demandé à ma mère pourquoi il ne fallait pas mettre les coudes sur la table. Elle m'a répondu "Parce que". Pourquoi lire? Parce que.
Je tombe aussi sur cet article : Littérature et Internet, mais là il faudra que je revienne dessus pour le lire avec attention, je ne sais pas lire rapidement, je dois prendre mon temps.
Et je dis : pourquoi écrire son journal? Pour voir si ma vie devient étroite! (dixit Anaïs Nin).
Alors aujourd'hui je trouve que ma vie s'élargit, et c'est bien. Un peu fouillis tout de même mon journal.
*Grasset.
22 h 45. Je viens de recevoir son mail, mon Bezo mon petit Bezo chéri, ma petite soeur qui va mal. Je l'appelle aussitôt mais au téléphone on ne peut pas prendre l'autre dans ses bras pour la consoler. Elle pleure. Je lui dis : pleure mon Bezo, tu vas voir ça va te faire du bien, tu vas bien dormir. Et je lui dis : moi quand je pleure beaucoup dans la journée (ça m'arrive souvent ces derniers jours) je dors bien, d'épuisement. Elle me dit, la voix tremblante, en pleurant : mais moi je n'aime pas pleurer et je n'aime pas qu'on m'appelle quand je suis triste parce que je pleure. Ô mon petit coeur, ma petite soeur chérie, mon petit Bezo d'amour, comme je n'aime pas non plus t'entendre pleurer, car je sais que là, tu n'en peux vraiment plus, car je sais que tu ne pleures jamais.
Et voilà qu'elle craque parce qu'elle est fatiguée qu'elle travaille la nuit qu'elle est infirmière qu'elle a accroché le rétroviseur d'un type en voiture et qu'il l'a traité de meurtrière et qu'elle en a assez que tout va mal et que mon beau-frère ne peut même pas la consoler parce que lui il déprime complètement, pour de bon, PARCE QUE CHEZ FRANCE TEL C'EST INVIVABLE!
Je me sentais à peu près bien ce soir, c'est fichu là. Vais pas dormir moi non plus mais je m'en fiche, moi je ne bosse pas, j'ai tout mon temps pour récupérer mais elle à l'hosto, lui chez F.T. il faut qu'ils soient performants, votre santé, ils s'en foutent! Oh comme je trouve futile tout ce que j'ai écrit avant de recevoir ce mail. Tant pis, je le laisse.