dimanche 19 septembre 2010

Une vraie girouette

Samedi 11 septembre.
Voir ici… j’ai eu un grand moment de spleen et éprouvé le besoin de me libérer sur mon blog/journal. Je suis allée dans un cyber café et j’ai écrit, des mots de tourmente, puis je les ai effacés… le lundi.
Je m’étais réveillée dans une grande mélancolie ; je me sentais inutile, je sentais que ma vie allait se poursuivre, toujours, avec un manque, manque de je-ne-sais-quoi, que j’étais incapable de définir, mais qui se manifestait par une boule dans la gorge et la peur au ventre. Je venais d’écouter Michel Houellebecq avec Finkielkraut, ce n’était pas cela qui m’avait désespérée, je trouvais même les propos de Houellebecq réconfortants ; il y avait comme une tendre mélancolie dans ce qu’il expliquait, une nouvelle philosophie, une acceptation de l’irrémédiable, dont je me sentais proche. Oui cela me réconfortait mais ne m’a pas empêché de me sentir inutile. Je suis sortie de ce cyber café désemparée mais je savais que mon désarroi n’allait pas durer car j’allais passer l’après-midi avec mes plus chers amis. Je me suis ressaisie avant d’aller les voir. Je savais qu’ils allaient me prendre dans leurs bras, comme à chaque fois, et que j’aurais une vraie raison de pleurer, de joie.

Elle, m’attendait sur son banc, devant l’atelier, dans son petit jardin qu’elle a réussi à composer avec quelques plantes. Elle avait l’air d’une madone, habillée de noir - comme toujours, elle n’a jamais porté de vêtements d’une autre couleur – ses longs cheveux enroulés en natte, comme une couronne, elle s’est levée la muse, et j’ai vu son sourire et ses yeux s’illuminer en me voyant. Je me suis jetée dans ses bras, j’ai fermé les yeux, je n’ai pas pleuré. On est rentrées dans l’atelier et je lui ai dit :
- Michel n’est pas là ?
- Mais si bien sûr, il se fait beau pour toi.
- Oui, pardonnez-moi, je suis un peu en avance.
- Mais non, au contraire, nous t’attendions.
Et Michel était dans l’escalier pour nous rejoindre, chemise impeccable et son petit gilet et sa courte barbe… et…. et… et… tout lui magnifique, portant haut ses 82 ans, c’est moi qui l’ai serré dans mes bras, il sentait bon le frais, toujours la même eau de toilette. Il m’a dit :
- Comme tu sens bon.
- Toi aussi.
Et on a ri… et on a pris de nos nouvelles… et on a parlé de toi… et… et… et… les heures ont passé trop vite, mais je les ai revus le lendemain soir, pour un dîner, comme « avant » quand j’habitais l’atelier d’à côté et qu’ils m’invitaient à partager leur frugal repas quand tu n’étais plus là, et leur chaleur valait toutes les plus riches nourritures. Et puis, cet atelier, bien trop petit pour contenir les œuvres qui s’y amoncelaient mais tellement chaleureux, je m’y sentais comme dans un nid, au chaud, en sécurité.

Lorsque je repris le métro, je m’en voulais d’avoir eu ce spleen le matin ; je trouvais soudain la vie belle, je leur avais parlé de ma vie de solitaire mais parsemée parfois de vibrations amoureuses, sans m’attarder sur le sujet. Elle, me disait : vis ta vie pleinement, vis les moments présents, ceux-là seuls comptent. J’étais heureuse, oui. Malheureuse le matin, heureuse le soir, une vraie girouette !

A suivre...