10 h 30.
Un ami me relate son mariage, je lui réponds en relatant le mien. Je souris en le faisant, je nous revois nous passant la bague au doigt à la cérémonie, ton beau sourire…
C’est étrange, je parle toujours de toi sans tristesse, sans regrets. Tu m’as tant donné. Je n’avais plus rien à attendre. J’étais assouvie. C’est pour cela que j’ai pu donner et recevoir après toi.
11 h. Un petit café, c’est l’heure.
Concerto pour l’empereur, deuxième mouvement, c’est le premier morceau qu’un ami m’avait gravé sur ce CD.
Il connaissait mes goûts, nous avions les mêmes. C’était il y a dix ans.
Nous nous sommes perdus de vue, il me reste tous ces CD gravés pour moi, ses dessins posés sur les étagères de ma bibliothèque et les souvenirs, les bons et les mauvais. On oublie les mauvais quand les bons furent plus nombreux. J’aime que les hommes que j’ai aimés me laissent des souvenirs. Je garde tout, même lorsque l’amour s’est éteint, à l’intérieur, il reste toujours une petite flamme.
Ensuite, sur ce même CD :
. Gorecky, Symphony No. 3 "Sorrowful Songs"
. Puccini, Madame Butterfly
. Poulenc, sonate pour hautbois et piano
. Ravel, concerto pour piano, deuxième mouvement
. Ravel, Pavane
. Marc-Antoine Charpentier, Leçon des ténèbres
. Bach, Passion selon Saint Matthieu
Pendant quelques minutes je ne pense plus à rien.
J’écoute en sirotant mon café.
Je regarde le ciel par la fenêtre.
Il fait affreusement beau.
Bien-être.
Je voudrai mourir là, maintenant.