mercredi 9 mars 2011

L'Angelus du soir

Tout le jour je fus pensive.
A l’heure où les "actifs" quittent leur bureau
et les internautes leur écran,
j’ai regardé le ciel.
A l'approche du printemps,
à toute heure du jour et de la nuit
je l'observe, oisive.
Ce soir, quand sonnait l’Angélus
j’ai vu ces traces blanches
dans le jour déclinant
"fauve avec des tons d’écarlate".
J’ai ouvert ma fenêtre
et j’ai branché le son
pour la énième fois.
J’avais le cœur battant
et je ne sais pourquoi.



Tandis qu'un choeur de cloches dures
Dans le grandissement du jour
Monte, aubade franche d'injures,
A l'adresse du Dieu d'amour !
Paul Verlaine, L'Angélus du matin

A André Bénac

Ce qui me charme en toi, Quimper de Cornouailles,
C’est qu’une âme rustique imprègne ta cité,
Que les champs sont chez eux au coeur de tes murailles
Et que, né paysan, ton peuple l’est resté.

Tes rivières te font un collier de sonnailles
Et dans leurs reflets verts mirent le quai planté
Dont tes Nausicaas, blondes du blond des pailles,
Aspergent le granit d’eau vive et de gaîté.

Le soir, à l’heure intime et bleue où les toits fument,
Quand se tait l’angélus aux clochers qui s’embrument,
Un grêle biniou chevrote un air léger ;

Et, sur le bord de l’ombre où se dissout la ville,
Le Mont Frugi s’accoude ainsi qu’un vieux berger
Qui rêve sous la lune à quelque jeune idylle.
Anatole Le Braz, Quimper.