vendredi 4 mars 2011

De Marie-Antoinette à Jean-Paul Sartre

Jeudi 3 mars.
Un ciel d'un bleu sans tâche qui ne va pas avec mes idées noires.
Il faut que je me secoue.
Musique.
Café.
Le virtuel, toujours, me fait sourire.

15 h. Je pars au golf. J'aime jouer seule. Je pense à toi, à lui. Au 8 je croise trois golfeuses dont une ancienne partenaire de mon autre club. Et blablabla :
- Tu vas bien?
- Oui... et toi?
- J'ai été opérée de la hanche, je rejoue tranquillement me dit-elle.
- Ah!
- Oui, mais après l'opération j'ai fait une luxation du genou.
- Oh!
Et la voilà partie dans son histoire... elle rit... fait des mouvements pour me montrer comment elle pivote maintenant. Ses deux partenaires s'impatientent et moi encore plus, je ne sais comment mettre fin et poursuivre mon parcours. Sauvée, un couple me talonne, j'en profite pour lui dire que je dois avancer. Ouf!
Je n'aime pas jouer au golf avec les femmes, elles parlent trop. Ça me tue. En été je ne peux jouer seule, trop de monde, je réserve toujours des départs avec des hommes. Beaucoup d'hommes n'aiment pas jouer avec les femmes, tant pis, je m'en fiche; en général ils m'acceptent bien.
J'étais satisfaite de mon jeu hier.

Hier soir.
J'ai tenu une demi heure d'ennui avec Marie-Antoinette! Je me réjouissais de voir le film de Sofia Coppola. Peut-être aurais-je dû patienter?
Du coup j'ai regardé mon DVD de Sartre et, je ne me suis pas ennuyée! Je croyais avoir déjà vu ces entretiens mais non. Je me suis régalée, surtout dans la deuxième et troisième partie. Lorsqu'il parle de ses ouvrages sur Flaubert puis de lui, de son refus du Prix Nobel, de son écriture. On peut voir ici cette vidéo (60') dont la voix n'est pas toujours raccord avec l'image.
Mon extrait de 6' de moins bonne qualité, passage sur Flaubert.


"Longtemps j'ai pris ma plume pour une épée : à présent je connais notre impuissance. N'importe : je fais, je ferai des livres; il en faut; cela sert tout de même. La culture ne sauve rien ni personne, elle ne justifie pas. Mais c'est un produit de l'homme : il s'y projette, s'y reconnaît; seul, ce miroir critique lui offre son image. Du reste, ce vieux bâtiment ruineux, mon imposture, c'est aussi mon caractère : on se défait d'une névrose, on ne se guérit pas de soi. Usés, effacés, humiliés, rencoignés, passés sous silence, tous les traits de l'enfant sont restés chez le quinquagénaire. La plupart du temps ils s'aplatissent dans l'ombre, ils guettent : au premier instant d'inattention, ils relèvent la tête et pénètrent dans le plein jour sous un déguisement : je prétends sincèrement n'écrire que pour le temps mais je m'agace de ma notoriété présente : ce n'est pas la gloire puisque je vis et cela suffit pourtant à démentir mes vieux rêves, serait-ce que je les nourris encore secrètement? Pas tout à fait : je les ai, je crois, adaptés : puisque j'ai perdu mes chances de mourir inconnu, je me flatte quelquefois de vivre méconnu."

Jean-Paul Sartre, in Les mots.