vendredi 16 avril 2010

Ma vie est passionnante


10 h. Ce matin émotion. Un blogueur (et là pour le coup je trouve ce mot très réducteur puisque c'est un journaliste qui tient un blog)) m'a envoyé un mail parce qu'il s'inquiétait : je ne laissais plus de commentaires sur son blog depuis quelques mois. Son petit mot m'a chamboulée. Je me suis si souvent dit : tu pourrais disparaître, personne ne s'inquièterait de ton absence sur la toile. Eh bien si, ce blogueur s'est inquiété de moi; c'est quelqu'un que j'écoute toujours chaque jour avec plaisir et que je continuai de lire, sans commenter. Ô merci très cher ****** comme je vous sais gré de ce mail, vous qui ne me connaissez pas alors que moi j'ai l'avantage de vous connaître, par média interposé. Touchée, jusqu'au coeur.
[...]
13 h... Flûte, je n'ai plus d'oeufs durs pour mes salade du déjeuner.
Je vais en cuire 4 avant de partir faire mon shopping.
14 h. Hop, une casserole, faire bouillir l'eau et plonger les oeufs. Le temps de me faire une beauté, hum et ils seront cuits!
Programme cet après-midi : passer devant la sécu déposer ma feuille de maladie (énervants ces toubibs qui ne prennent pas la carte vitale), faire un tour chez Fly pour voir si je trouve des tables gigognes design pour mon salon (ma belle table en chataîgner massif ne va plus du tout avec mon nouveau canapé, il faut que j'essaie de la vendre), puis passer chez Harmonia Mundi rayon CD jazz et faire le plein d'essence.

14 h 30. Le programme a démarré comme prévu : sécu, Fly. Je m'attarde sur les tables basses, il y en a une laquée blanc à deux plateaux pivotants qui serait pas mal dans mon salon. J'essaie de la soulever, impossible. Je me penche pour examiner le socle, un coin d'angle a éclaté, le morceau est par terre, je l'attrape, le regarde et me dis : c'est de la camelote, de l'agglo mélaminé, les plateaux laqués doivent en être aussi (d'où le poids) et donc fragiles. Un vendeur vient vers moi, me fait l'article : très belle qualité et patati et patata. Je lui dis : vous avez vu le socle? il y a un éclat! J'avais laissé le morceau au sol. Il me dit : tiens c'est bizarre on a passé l'aspirateur tout à l'heure (sic). Je ne voyais pas le rapport, ou alors si, le préposé à l'aspirateur à cogné le socle et pété l'angle. Ben non, je ne lui ai pas dit : c'est de la vase, il n'aurait pas compris. Je n'ai rien dit et j'ai poursuivi mon shopping. J'arrive au rayon des ustensiles de cuisine et je vois de jolies cuillères en plastique vert pomme, jaune fluo, vermillon qui seraient plus guillerettes que mes vieilles cuillères en bois pour touiller purée, compote... et, au moment où je m'apprête à en prendre deux, soudain une tornade dans ma tête! Nom de zeus (j'ai dit p... en fait! oui je jure comme un charretier depuis ma plus tendre enfance au désespoir de ma mère qui n'est plus là pour m'entendre) merde, p... : j'ai oublié mes oeufs dans la casserole et je n'ai pas éteint la plaque avant de partir. Je regarde ma montre : une heure que je suis partie (faut 10 mn pour cuire un oeuf;o), je quitte Fly comme une voleuse en courant, parking, je démarre en trombe, j'essaie de ne pas m'arrêter aux feux, j'accélère à l'orange (je sais, c'est mal), bon là il est rouge, je m'arrête quand même! L'angoisse monte, j'imagine de la fumée, le bâtiment en feu (mon voisin du dessus pas content déjà qu'il n'est jamais content), les pompiers, mes tableaux (le reste je m'en fiche) partis en fumée. Quinze minutes plus tard j'arrive dans mon quartier, devant la biscuiterie - çà ne sent pas le cramé, çà sent bon - l'église est là intacte;o), pas de fumée sur ma terrasse, ouf! Je sors mes clefs, énervée j'ai du mal à ouvrir la porte, çà y est! La kitchenette est à peine enfumée, ma plaque à induction ne s'est pas éteinte toute seule (je l'avais un peu espéré), et j'entends les oeufs qui grésillent scotchés dans la casserole qui n'a plus, évidemment, une goutte d'eau. J'éteins la plaque, je prends la casserole et je vais sur la terrasse pour la rafraîchir. J'adore ce bruit de l'eau qui bouillone dans ma casserole chauffée à blanc : "pschchch"!


Comme disait ma tante dès qu'elle avait envie de boire un apéro : je l'ai bien mérité! Bon, pour moi à cette heure-là (16 h 30) ce sera un thé vert. Je l'ai bien mérité. Il ne me reste plus qu'à être zen après cette montée d'adrénaline.

Je suis tout de même un peu inquiète : comment ai-je pu oublier mes oeufs sur le feu? D'habitude c'est quand je suis sur Internet que je laisse déborder mes casseroles, calciner mes compotes, mais là tout de même, j'ai dû prendre trop de temps pour me faire une beauté - même pas réussi - et du coup j'ai oublié mes oeufs? Ah mais non, je sais pourquoi j'avais la tête en l'air : ce mail reçu ce matin... tellement inattendu.