lundi 1 mars 2010

Choir

Je cogitais depuis quelques semaines un texte pour parler de ce livre de Eric Chevillard que je venais de terminer. Mais en lisant les échos de la presse via son blog ce matin ce que je pourrais en dire serait insipide après ces brillantes analyses et excellentes critiques justifiées.
J'ai parfois eu envie de laisser choir ce livre en cours de lecture mais j'ai voulu aller jusqu'au bout et je ne l'ai pas regretté même si j'en suis sortie "lessivée". Il faut avoir lu Choir. Ces deux extraits des échos de la presse :

"Qu’y a-t-il donc qui séduise si fort dans Choir, auquel manque assez singulièrement l’ingrédient de comique décalé et faussement maladroit (à la Harry Langdon) sur lequel reposait en partie le succès de Chevillard, auprès toutefois des seuls lecteurs capables d’apprécier le charme du second degré ? La réponse est aisée : Choir, c’est deux cent cinquante pages de vraie littérature, où le style unique de l’écrivain se déploie avec une virtuosité qui n’a jamais été aussi grande."
Maurice Mourier, La Quinzaine Littéraire.

"Ce roman appartient-il à la folie d'un esthète ? Choir fête-t-il le triomphe du grand n'importe quoi ? On peut être tenté de le penser, car Chevillard est en droit de se moquer de nous. Mais le lecteur, entre les lignes de cette farce noire, réussit à faufiler son rire. Peut-être pour dissiper le spleen de cet endroit maudit. La grande qualité de ce texte est qu'il laisse la liberté de choisir sa propre distance par rapport à lui. Exactement comme un tableau qui autorise le spectateur à se placer où il veut : le nez dessus, ou dix pas en arrière."
Amaury da Cunha, Le Monde.

Je choisis cet extrait car j'ai aussi ri en lisant ce livre noir :

"Nos cordonniers confectionnent des souliers à l'extrémité bombée, évasée en spatule afin que s'y loge confortablement un pied pourvu du Sixième Orteil. Du coup, nous y sommes trop au large et fort mal soutenus. Nous trébuchons à chaque pas, et souvent c'est la chute (de là viendrait le nom de Choir).
Mal chaussés, comme si cela ne suffisait pas, il faut encore que le sol tremble. "