vendredi 5 mars 2010

En attendant Godot

Samuel Beckett

Vladimir (Gilles Arbona) et Estragon (Thierry Bosc)
En attendant Godot


Je pense que si l'on fait une recherche sur Google on trouvera des dizaines de billets de blogueurs et d'articles sur cette pièce. Alors je m'en tiendrai à ces quelques mots après l'avoir vue il y a deux jours.

Tout d'abord le théâtre était - comme d'habitude ici - archi plein et merveille j'étais entourée de jeunes gens et jeunes filles, des lycéens, des étudiants; évidemment pensai-je, ils étudient Beckett, on leur a dit : vous devez aller voir En attendant Godot, peut-être viennent-ils à contre coeur? Mais il suffisait de sentir leur intérêt et même parfois d'entendre leur rire discret et même plus appuyé, leur émotion, oui leur émotion je la percevais, en même temps que la mienne, pour savoir qu'ils ne regrettaient pas d'être venus. Et çà participait à mon bonheur de partager ce moment avec cette jeunesse.

""1953 : pièce d'avant-garde. 1956 : pièce bourgeoise. 1961 : spectacle officiel" ainsi résumait-on la carrière d'En attendant Godot, il y a près d'un demi siècle. On l'a qualifiée de nihiliste, de poétique, de choquante, d'insolite, de féroce, de révolutionnaire et même de classique. Des images devenues des clichés : deux vagabonds en chapeau melon, un arbre étrange, un homme qui mène au bout d'une corde son esclave aux cheveux blancs. Un pièce métaphysique jouée par des clowns! La condition de l'homme et son immense difficulté à "être"."
Je pense que chacun prend ce qu'il veut de cette pièce, de ce texte, de la désespérance ou de l'espérance, de ces deux amis qui n'arrivent pas à se quitter, et après ces deux heures dix sans entracte on ne peut qu'applaudir, siffler de bonheur d'avoir été ému grâce à Samuel Beckett, à la mise en scène de Bernard Levy et à Vladimir et Estragon (Gilles Arbona, Thierry Bosc). Ce fut pour moi encore une soirée jubilatoire et enrichissante.

Réussir à faire passer tant d'émotions dans une pièce où il ne se passe rien, c'est magnifique.

Beckett précise en janvier 1952 dans une lettre à Michel Polac :
« Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention. [...] Je ne sais pas qui est Godot. Je ne sais même pas, surtout pas, s'il existe. [...] Quant à vouloir trouver à tout cela un sens plus large et plus élevé, à emporter après le spectacle, avec le programme et les esquimaux, je suis incapable d'en voir l'intérêt. Mais ce doit être possible. »