Ce matin j'avais envie de parler d'amour, je trouvais qu'il y avait longtemps que je n'en avais pas parlé. Je me disais une fois de plus : c'est la seule chose qui aura vraiment compté dans ma vie et tous les mois, années que j'aurai vécus sans amour auront été des mois des années vides de sens. Je n'ai vécu, je ne vis que pour aimer, je crois que je pourrai mourir en me disant que j'ai bien vécu. Combien de mots, de lettres d'amour ai-je pu écrire dans ma vie? Impossible de les compter. Il ne me suffisait pas d'aimer, il fallait que j'écrive ma passion, mon amour. Hier je lisais dans les Chroniques de Philippe Sollers du JDD celle-ci sur les Lettres d'amour :
" Voyons maintenant ce qui se passait dans le sud-ouest de la France, entre 1783 et 1786. On vient de retrouver aux Archives nationales un tas de lettres d'amour adressées à son cousin par une jeune femme de 25 ans, Rose. La plupart sont codées pour échapper à la surveillance locale, et elles dorment là, en vrac, avec une mèche de cheveux blonds tressée à un ruban bleu. Vous lisez bien : "Je t'aime depuis que je respire et pour la vie." Et encore : "Plus l'amour est mystérieux, plus il a de charmes. S'il était su, mon coeur s'affaiblirait." Et encore : "Il suffit que deux coeurs s'entendent, ils ont mille moyens de communiquer sans le secours de la parole." Et encore : "Je n'aime pas les gens mélancoliques, je dois aller te voir demain, prépare-toi dès aujourd'hui à me faire gracieuse mine, je veux te voir un visage riant, je te jugerai en rentrant et si je n'en suis pas contente, je m'en retournerai aussitôt." Casanova dans une lettre à une de ses amies a le même ton décisif : "Sois gaie, la tristesse me tue.""
En lisant cela je me dis que si on trouvait mes lettres d'amour, on me brûlerait vive!
Hier soir, tout à fait par hasard, j'ai cliqué sur un nom et je suis tombé sur un blog que j'ai trouvé absolument terrible. La personne y parle ma foi de choses intéressantes : de ses écrivains favoris, de la musique qui la touche et de bien d'autre chose et puis, je découvre, sa vie, en temps réel, son Amour (malade) qu'elle ne veut pas perdre, lui demandant de ne pas mourir; bref en lisant cela on ne devrait avoir que de la compassion et les commentaires ne s'en privaient pas (et c'était peut-être çà le pire). Et je me suis sentie très mal à l'aise. J'ai trouvé çà gênant, et mon malaise - grandissant en lisant les commentaires - n'avait en fait de raison d'être que parce que je me suis sentie nulle, parce que ici aussi il m'est arrivé, il m'arrive de parler de mon Amour. OK il est mort mais l'autre amour, qui fut si bref, j'en ai parlé aussi. Mais c'est d'un nul. Parce que ici, c'est la toile, ce n'est pas mon Journal intime. Mais le pire, je ne l'ai pas atteint, heureusement, en ouvrant les commentaires. Parce que commenter un Journal intime, non merci. Ce qui est terrible en fait, c'est qu'on ne se rend pas compte quand on écrit qu'on est lu, on se croit seul derrière son écran et on oublie qu'il y a peut-être des tas de gens qui vont vous lire... même si vous n'ouvrez pas les commentaires.
Après avoir parcouru ce blog je me suis dit : il faut que tu arrêtes de parler de toi, de ta vie. Il faudrait donc que j'arrête d'écrire sur la toile, parce que je ne sais pas parler d'autre chose que de moi. Il me reste deux solutions : arrêter d'écrire ici ou fermer l'accès. Mais alors, ma-solitude-mon-amour va passer du virtuel au réel? Pfff!
Bon, En attendant... Godot, je vais y réfléchir! (Ce soir je vais voir la pièce de Samuel Beckett)...