Hier soir je regardais Patrick Modiano parler (?) de ses livres, interrogé par François Busnel dans La Grande Librairie pour son dernier livre L'horizon; j'avais enregistré l'émission. Que j'aime écouter cet écrivain tenter parler de lui et de littérature; paroles hachurées, phrases qui restent en supens, regard tourmenté, le type même de l'écrivain qui ne peut qu'écrire ce qu'il ressent mais n'arrive pas à le dire. Pourtant, étrangement, quand je le vois, dans le flou de ses paroles, cherchant ses mots, je sens passer quelque chose d'émouvant, de puissant, et qui est transmis dans ses livres.
Je préfère mille fois écouter parler Modiano qu'un Luc Ferry au débit soûlant. Bon, il n'y a aucun rapport entre eux, mais je me comprends.
Au cours de l'émission Esprit critique sur France Inter, Vincent Josse a fait lire à Patrick Modiano un extrait de son livre. C'était un moment délicieux d'entendre l'écrivain lire ce texte - cette fois sans bafouiller - avec le ton exact de ce qu'il avait voulu exprimer; oui, un moment magique. D'ailleurs Modiano dans cette émission s'est exprimé bien plus clairement que d'habitude. Soudain L'horizon s'est éclairci...
Patrick Modiano, L'horizon, éd. Gallimard.