mercredi 21 avril 2010

Jean DANIEL (suite)

De la vieillesse.

En se promenant sur la plage d'Essaouira :

"C'est un grand atout dans ce combat incessant de la vieillesse heureuse contre la proximité de la mort, d'être aussi disponible pour la beauté.
J'ai lu beaucoup de textes sur l'âge, sur la vieillesse, sur l'idée que le moment était d'autant plus précieux, qu'on avait - plus que les autres - l'idée qu'il était unique, qu'il avait une force, une singularité tellement grande.
Mais ma chance, c'est de pouvoir à chaque moment jouir de ce qui justifie au fond la création de la vie; la seule chose qui justifie Dieu, c'est que quand il fait beau on dit que c'est grâce à lui; quand il ne fait pas beau on n'y croit pas, il n'existe pas. Il est gagnant sur tous les terrains. C'est un imposteur"
(et Jean Daniel sourit avec douceur en disant cela).

Ici, à Porto Vecchio où il se baigne :

"S'arrimer à la vie, avoir l'impression qu'elle va se poursuivre. L'immersion, le fait de faire partie de l'élément, le fait de n'avoir pas de pesanteur, le fait d'avoir l'impression d'une étreinte - un peu cosmique, çà fait des armes contre la mort, qui sont ignorées par tous, sauf dans l'amour.Et en riant il ajoute : Ah, vous en avez pour votre argent là".

Quel charisme, quelle chance d'avoir encore cette vigueur, ce désir de la vie pour faire reculer la mort, à près de 90 ans. On parle parfois de jeunesse dorée, la vieillesse dorée existe aussi, je l'ai vue dans ce beau reportage. On est loin de celle dont Simone de Beauvoir parle dans son essai.
Le film se termine sur cette phrase de Tolstoï :
"L'existence de la mort nous oblige soit à renoncer volontairement à la vie, soit à transformer notre vie de manière à lui donner un sens que la mort ne peut lui ravir."