jeudi 22 avril 2010

A chaque jour suffit... sa joie


Ne pouvant faire de folies gourmandes ce soir - avant une intervention mieux vaut ne pas faire d'excès - je me suis fait plaisir hier soir.
Une impression presque estivale ces jours-ci m'a donné envie d'aller dîner au bord de la mer, là où réside ma famille en vacances. Du coup je leur avais promis de passer les voir pour prendre une tisane (ils ne m'ont pas proposé de dîner avec eux) sans leur dire que j'allais dîner non loin de chez eux, dans ce restaurant devant lequel nous passions souvent et dont la vue de la terrasse me faisait envie depuis longtemps. A chaque fois que nous passions devant, ma soeur s'arrêtait pour regarder la carte et sur un ton dégoûté disait : tu as vu le prix? ils font payer la vue! Et moi cette vue je trouvais qu'elle n'avait pas de prix. Ma soeur n'a jamais été une contemplative de la nature, elle préfère contempler ses petits enfants, c'est bien aussi. Moi je n'en ai pas et je suis une amoureuse inconditionnelle du ciel, de la mer, de la campagne, de la montagne, des lacs, des arbres, des oiseaux, de tout ce qui peut embraser mon regard et mon coeur. Aussi, je m'étais promis d'y dîner dans ce restaurant, même seule. En revanche, il fallait que j'y aille de bonne heure, étant attendue à 20 h 30 pour la tisane! On est très à cheval sur l'heure dans ma famille. Tant pis, j'avais faim ayant comme d'habitude déjeuné très légèrement.

Je me pointe à 19 h 10 au restaurant, pas un chat évidemment, j'ose pousser la porte et je demande à l'homme (le patron?) qui se trouve à l'accueil : à partir de quelle heure peut-on dîner? Il se retourne, regarde l'horloge et me dit : maintenant c'est possible, avec un beau sourire. Je lui dis : eh bien je vais dîner. Évidemment j'espérais avoir une table près de la baie mais elles étaient toutes réservées, ce que je comprenais; il faisait encore un peu frais pour rester en terrasse. Il me propose une table d'où je peux tout de même voir la mer, le ciel, les mouettes et je suis ravie. Je m'excuse auprès de lui de venir si tôt mais j'ai un impératif. Pas de problèmes, il est charmant, me met à l'aise, ce qui n'est pas toujours le cas quand une femme seule arrive dans un restaurant, si encore on ne vous met pas dans un coin, bien cachée pour qu'on ne vous voie pas.
- Un apéritif?
- Non merci.
Je consulte la carte et me laisse tenter par un Parmentier de cabillaud à l'andouille! (Je ris, je prends le risque). Carte des vins : je choisis un verre de chablis 1er cru et une carafe d'eau s'il vous plaît.
Je me repais du paysage, quelques chalutiers rentrent tardivement au port. Deux femmes rentrent dans le restaurant, elles n'ont pas réservé et donc seront aussi au deuxième rang si je puis dire!



Le garçon m'apporte une verrine de saumon mariné en amuse-bouche ainsi que mon verre de chablis; pain et beurre salé cela va de soi, nous sommes en Bretagne.
Je me régale en me disant : tu ne t'emmerdes pas quand même! J'en oublie mes soucis dentaires... Je goûte le chablis : bonne température, savoureux.
Je n'ai pas regretté le plat choisi, un mélange audacieux très réussi servi avec une salade de mesclun.
Je regarde l'heure, j'ai envie d'un dessert mais vais-je avoir le temps?
Le garçon m'apporte la carte, un assortiment rigolo me tente : crème brûlée, glace café, expresso, liqueur de café. Je demande au garçon si çà peut être rapide? Sans problème me dit-il.
Les premiers clients ayant réservé près de la baie arrivent... et mon dessert aussi.


Je pensais laisser la liqueur de café dans le verre mais c'était fort bon!
Ah mais, faut pas se laisser abattre! Solitude mon amour...
Le ciel a pris un ton bleu-rose magnifique. (Je pense à toi, à tes huiles sur papier Fenêtres sur mer...)
Je suis arrivée les joues en feu chez soeur, beau-frère, nièce, neveu, petites nièces en leur disant que j'étais allée manger des crêpes et qu'il faisait un chaleur étouffante dans la crêperie. Mais tu aurais pu manger avec nous clament en choeur ma nièce et ma soeur! Ben oui, mais je n'ai pas été invitée! J'étais gaie, je me sentais bien, je ne leur en voulais pas, j'avais même envie de les remercier pour ce moment de plénitude, je les aimais.

Demain sera un autre jour, n'y pensons pas trop.