mardi 1 mars 2016

Vague immortelle


Hokusai, La Grande Vague de Kanagawa, 1830
Estampe, gravure sur bois  (25,7 x 37,9 cm)
(Cliquer sur l'image pour agrandir)
"Sous la Grande vague au large de Kanagawa est l’œuvre majeure de l'artiste. Cette estampe appartient à une trilogie consacrée au mont Fuji. Cette œuvre illustre à la perfection le grand thème du "monde flottant" dans lequel le temps semble suspendu : la vague s'apprête en effet à déferler sur les frêles embarcations des pêcheurs. L'Homme représente bien peu de chose face à l'immensité et à la majesté de la Nature.
La masse courbée dessinée par la vague s'imbrique parfaitement dans le creux du ciel et trace les contours d'une forme rappelant le yin et le yang.
On aperçoit aussi au loin la montagne sacrée des Japonais, un volcan, le mont Fuji. Le Japon semble tout entier incarné dans cette estampe : il est à la fois le pays de la mer, de la terre et du feu. Hokusai transfigure bien ici l'âme d'une civilisation.
La Vague a littéralement déferlé sur les artistes européens et est longtemps restée l'emblème de la virtuosité d'Hokusai ainsi que l'exemple parfait de l'art de l'ukiyo-e. On raconte même qu'elle aurait inspiré Claude Debussy pour sa symphonie intitulée la Mer. La Vague figure d'ailleurs sur la couverture de l'édition originale des partitions de 1905."



          Ode à la vague
Encore une fois
mon vers se tourne
vers la vague.

Je ne puis m’empêcher
de te chanter,
mille fois mille,
mille fois, ô vague,
fiancée fugitive de l’océan :
vénus verte,
élancée
tu hisses ta cloche,
et de là-haut,
tu laisses tomber
des lys.

Ô lame
Incessante
secouée
par
la
solitude
du vent,
érigée comme une
statue
transparente
mille fois mille
cristallisée, cristalline,
et puis
tout le sel à terre :
le mouvement
se fait écume
puis de l’écume la mer
se reconstruit
et de nouveau ressurgit la turgescence.

Et de nouveau,
cheval,
pure jument
cyclonique
et ailée
la crinière ardente de blancheur
dans l’ire de l’air
en mouvement,
tu glisses, tu bondis, tu cours,
conduisant le traineau
de la neige marine.

Vague, vague, vague,
mille fois mille
vaincue, mille
fois mille dressée
et déversée :
vive
la vague
mille fois immortelle
la vague.

Pablo Neruda, Tercer libro de las odas, 1957


Cardinaux, Terre Noire, 1976 
Huile sur toile (116 x 89 cm)

(J'y vois toujours une vague, une lame de fond
et aujourd'hui un vague à l'âme) 


La même huile sous une autre lumière...
et changent les couleurs


d'ici on n'entend pas
le bruit des vagues
le bleu de la mer

Haiku de Hosai Ozaki