vendredi 4 mars 2016

Résumer en un clin d'oeil toute une journée

Journal.

Dimanche 28 février. 
Vu film : Tempête. Avec des acteurs - qui n'en sont pas - plutôt bons et même très bon pour le rôle principal avec Dominique Leborne. Il a reçu le Prix du meilleur acteur à la Mostra de Venise pour son interprétation dans ce film. Il était magnifique, étonnant de naturel et souvent bouleversant.

Lundi 29 février. 
Année bissextile, ce jour comme un jour fantôme.
Soleil, enfin. Fait 9 trous en agréable compagnie.

Mardi 1er mars. 
Pluie ininterrompue. 
Questionnements.
Que du négatif.
Longue sieste après deux nuits blanches.
Et pour clore la journée : mes endives braisées furent des endives cramées.
Fenêtre grande ouverte (radiateurs éteints), il est 21 heures et j'attends que s'échappe l'odeur de brûlé.
J'ai pu décaper le fond de la cocotte.
Après les œufs et les pruneaux... les endives!
Un jour je mettrai "allumerai le feu"!
"Il suffira d'une étincelle". Ah que... Johnny a raison (*_*).
 

"[...]construi(t)re le film de votre vie à partir d’une seconde prélevée chaque jour. Laquelle choisir? Comme à l’écrit, c’est au diariste de décider la plus pertinente, celle qui résume en un clin d’œil toute une journée."

Ce sera donc pour "résumer en un clin d’œil toute une journée" ce mardi :  
ce fut une journée pourrie, sur tous les plans!

Mercredi 2 mars. 
Pluie, vent, averses de grêle. Je regarde par la fenêtre heure par heure, notant les accalmies. Il y en eut pour les averses mais le vent se déchaînait de plus en plus. Vais-je y aller, vais-je être assez folle pour y aller cette après-midi... au golf? J'en avais assez d'être enfermée; pas mis le nez dehors hier.
14 heures. Je me prépare. Tant pis si je ne tiens pas debout. Sur la route quelques branches cassées, je vais finir par m'en prendre une sur le capot. Trois voitures sur le parking avec la mienne. J'enfile ma doudoune, mets mes chaussures, enfonce mon chapeau irlandais jusqu'aux yeux (ton chapeau, il allait me protéger du mauvais temps) et je passe à l'accueil pour signaler ma présence... "Hello, bonjour! Le parcours n'est pas fermé?" - Non, mais il n'y a personne. Vous voulez vraiment jouer? - Je vais essayer...
Départ au 1, personne à l'horizon. Youpi! Je suis vraiment givrée. C'est une grande première pour moi : jouer sous la tempête. J'enfonce un peu plus mon chapeau, je ne voudrai pas le perdre celui-là. Je prends mon stance bien campée sur mes jambes, je tape mon premier coup et aussitôt première averse. Je me planque dans les genêts, pas terrible pour me protéger; pas de parapluie, trop lourd quand je porte mon sac. Je vois la pluie valdinguer dans les bourrasques de vent, je ne pense à presque rien, juste à l'instant présent. La pluie s'arrête, je vais à ma balle. Puis j'arrive sur le green d'hiver. Deux jardiniers ratissent le bunker (celui qui ressemble à un rond-point qui serait entouré de sable); ils me regardent bizarrement, l'air de dire : "nous on est là parce qu'on n'a pas le choix mais vous, vous payez pour vous faire arroser par la pluie et gifler par le vent en plus, dans la gadoue". Ben oui! Pourtant dès le trou 2 je n'ai plus eu une goutte de pluie, seulement le vent et dans le dos dans la montée, c'était bonnard (avec l'accent suisse). (A propos de Bonnard, lire la chronique d'un écrivain suisse, Jean-Louis Kuffer)
La suite...? Mes 9 trous étaient jouissifs!
Suis rentrée bien secouée mais en pleine forme.

(Mais que racontes-tu là? C'est beaucoup trop long, tu ne respectes pas le : "résumer en un clin d’œil toute une journée". Tsss!). Bon, alors résumons en un clin d’œil cette journée : 
le hasard a bien fait les choses!

Jeudi 3 mars. 
Matin : en consultation. Elle est toujours lumineuse et si chaleureuse ma toubib. Ce que je disais d'elle le 27 juin 2014 n'a pas changé. Je ne la vois pas souvent mais c'est un plaisir de la rencontrer; je suis à l'aise avec elle, je suis moi. Elle prend son temps. - Vous avez l'air d'aller mieux me dit-elle. - Oui, je me sens bien, je dors mieux quand je prends [...] et du coup je suis en forme dans la journée. - Alors, on continue comme ça me dit-elle. - Et puis, vous savez, ces idées noires permanentes, je n'en ai [presque] plus; je n'ai plus pas envie de mourir en ce moment. Ah! il y a tellement d'empathie dans son regard, dans son écoute.
Après-midi : temps toujours pluvieux, un temps pour aller au cinéma ou dans un musée.  "Ils" avaient envie d'aller au Musée Départemental Breton, du coup je les ai accompagnés. Ce n'était pas une très bonne idée, je préfère être seule quand je vais dans un musée. Nos centres d'intérêts sont si différents. Ils s'attardaient sur ce qui ne me "branchait" pas et moi j'aurais aimé prendre mon temps sur l'exposition en cours FINISTERRES. Cependant je comprends que ça ne les intéressais pas; ça ne me parlait pas vraiment non plus mais, justement, "C’est l’occasion de porter un autre regard sur la collection du musée" J'y voyais de la couleur, des formes, une certaine gaîté dont j'avais besoin et qui correspondait aussi à celle qui m'animait depuis quelque temps. Je n'ai donc pas eu le temps de faire de photos de cette partie-là des expositions, sauf de ce couple, que j'aimais beaucoup. L'homme me faisait penser à certains dessins dans les tombes égyptiennes (corps de face et visage de profil). Le chien au pied de l'homme et l'enfant avec la mère. Ils se tiennent la main, lui la regarde, la domine? (la protège?). Elle, regarde droit devant elle (est-elle soumise? se sent-elle en sécurité? dominée? aimée?) :



Elizabeth Le Rétif, Le Couple, Terre papier, 2010
(Collection de l'artiste)

 (Cliquer pour agrandir puis sur "afficher l'image" pour zoomer)


Les photos étaient autorisées, sans flash. Au moment où je m'attardais sur ce couple, mon téléphone a sonné, j'avais oublié de l'éteindre. Ce n'était pas une bonne nouvelle...

Dans une des salles "bretonnantes", cette Bigoudène de Bernard Buffet que je trouvais, euh! hein? quoi? pardon?... que je n'aimais pas du tout (la qualité de ma photo ne l'arrange pas non plus. Hum!) :



Bernard Buffet, Bigoudène, Huile sur toile, 1950
 
J'observais ma sœur qui s'extasiait devant "toutes ces belles choses", elle aimait particulièrement - et elle avait raison, les sculptures en bronze de René Quillivic. De ce sculpteur, celle que j'aimais, c'était la Jeune Bigoudène (aux doigts dans la bouche) que l'on peut voir à la faïencerie Henriot. Ma sœur parlait trop fort, on ne peut que chuchoter dans un musée. Elle m'agace parfois, mais là je la trouvais émouvante, de naturel, de vérité, j'éprouvais à cet instant-là de la tendresse pour elle; de huit ans mon aînée et toujours en forme, même bien souvent plus que moi; c'est fatigant de piétiner dans un musée (nous y avons passé une heure et demie). Je remarquais ce tableau, un portrait d'artiste dans son atelier (mauvaise qualité de la photo, encore) :


 Fernand Cormon, Le peintre Camille Bernier dans son atelier,
portant la veste et le gilet du costume de Bannalec.
Huile sur toile, vers 1880

Du troisième étage, le dernier de la visite nous sommes repassés par le rez-de-chaussée. Je regardais par les fenêtres les flèches de la cathédrale dans le ciel gris :







Je crois que j'agaçais un peu mon beau-frère à faire toutes ces photos. Il venait de s'arrêter devant ce bloc de granit que j'avais remarqué en arrivant. Je lui dis en souriant : étonnant non? Je l'ai photographié tout à l'heure. "De quoi" dit ma sœur en arrivant vers nous (et en parlant toujours aussi fort), et nous lui montrons la sculpture en relief.



   
En quittant le musée, nous avions tous les trois la même envie (mais non, tsss!) : aller manger un gâteau chez Philomène! Ça reposera nos gambettes et ça nous rappellera des souvenirs... à ma sœur et moi; nous y venions avec notre mère, quand nous étions jeunes-filles!
Et il pleuvait toujours... 
Et j'ai encore raté ce "résumer en un clin d’œil toute une journée". Je vais devoir réviser mes leçons!

Vendredi 4 mars.
Je pense à ce coup de fil d'hier...
Fait 9 trous cette après-midi, sans pluie et quelques belles éclaircies. Parcours très imbibé mais les drapeaux étaient sur les "vrais" greens. Réussi quelques coups réconfortants, sans témoin. Au départ du 9, j'avais l'impression d'avoir perdu quelque chose, mais quoi? Pas d'heureux hasard aujourd'hui. 

Le week-end commence... Je vais prendre le temps de lire.