C'était le 3 septembre dernier, il faisait ce jour-là 27° sur la Presqu'île de Crozon.
J'avais réussi à la décider de m'accompagner pour une belle balade. Elle était trop fatiguée pour faire de longues marches, aussi avons-nous surtout contemplé les sites où nous nous sommes arrêtées. Il nous a fallu une bonne heure de route pour arriver à la première étape, le Ménez-Hom, cette petite montagne d'où l'on domine la rade de Brest, la baie de Douarnenez et le nouveau Pont de Térénez. Il était midi et demie et il commençait à faire très chaud. En sortant de la voiture je la regarde prendre son blouson en laine polaire; elle avait déjà une écharpe autour du cou. De mon côté, j'étais déjà en nage mais j'avais eu la bonne idée de mettre une tunique légère et ample, un pantalon large en lin où le petit vent s'engouffrait pour me rafraîchir. Nous n'avions pas vraiment le look des randonneurs qui faisaient une étape dans ce lieu, en short, sac à dos, chaussures de marche. Désormais, le moindre souffle d'air la fait frissonner. Je la prends rapidement en photo tandis qu'elle grimpait vers l'endroit où la vue est infinie. Son visage était anxieux, je devinais derrière ses lunettes de soleil que son regard l'était tout autant; elle fronçait les yeux qui laissaient apparaître deux rides d'expression entre les sourcils. Je la laissais seule - entourée de touristes - quelques minutes, pour faire des photos. Je les ai prises à-la-va-vite. Quand je revins vers elle, je remarquai qu'elle s'était emmitouflée dans son blouson marine, ravissant au demeurant avec sa capuche et ses poignets rayés bleu-marine et blanc, elle avait mis sa casquette et sa capuche par-dessus. Je lui dis en riant - j'avais pourtant envie de pleurer - : tu as froid mon Bézo? Et je lui donne un baiser sur la joue. - C'est beau hein! Elle ne dit mot mais opine du bonnet.
J'avais réussi à la décider de m'accompagner pour une belle balade. Elle était trop fatiguée pour faire de longues marches, aussi avons-nous surtout contemplé les sites où nous nous sommes arrêtées. Il nous a fallu une bonne heure de route pour arriver à la première étape, le Ménez-Hom, cette petite montagne d'où l'on domine la rade de Brest, la baie de Douarnenez et le nouveau Pont de Térénez. Il était midi et demie et il commençait à faire très chaud. En sortant de la voiture je la regarde prendre son blouson en laine polaire; elle avait déjà une écharpe autour du cou. De mon côté, j'étais déjà en nage mais j'avais eu la bonne idée de mettre une tunique légère et ample, un pantalon large en lin où le petit vent s'engouffrait pour me rafraîchir. Nous n'avions pas vraiment le look des randonneurs qui faisaient une étape dans ce lieu, en short, sac à dos, chaussures de marche. Désormais, le moindre souffle d'air la fait frissonner. Je la prends rapidement en photo tandis qu'elle grimpait vers l'endroit où la vue est infinie. Son visage était anxieux, je devinais derrière ses lunettes de soleil que son regard l'était tout autant; elle fronçait les yeux qui laissaient apparaître deux rides d'expression entre les sourcils. Je la laissais seule - entourée de touristes - quelques minutes, pour faire des photos. Je les ai prises à-la-va-vite. Quand je revins vers elle, je remarquai qu'elle s'était emmitouflée dans son blouson marine, ravissant au demeurant avec sa capuche et ses poignets rayés bleu-marine et blanc, elle avait mis sa casquette et sa capuche par-dessus. Je lui dis en riant - j'avais pourtant envie de pleurer - : tu as froid mon Bézo? Et je lui donne un baiser sur la joue. - C'est beau hein! Elle ne dit mot mais opine du bonnet.
Nous reprenons la route et nous nous arrêtons à Crozon au Thé à l'Ouest (pour les photos, voir ici). J'avais relevé cette adresse en me disant qu'un jour j'irai y manger des scones, ayant lu quelques appréciations sur l'endroit qui m'avaient mis l'eau à la bouche. Dans la voiture elle me dit qu'elle n'a pas vraiment faim. Je lui dis : j'ai faim! et une petite salade avant les scones nous redonnera de l'énergie pour la balade au Cap de la Chèvre. Elle me dit en arrivant au Thé à l'Ouest : je vais mettre mon bermuda, j'ai trop chaud. Chouette, elle ressent la température!
L'endroit est charmant et l'accueil aussi. Mon Bézo va aux toilettes et me dit en revenant : vas-y et prends en photo la porte! Nous commandons une "salade fraîcheur" puis des scones pour le dessert. Et, je vais aux toilettes avec mon appareil de photo. Hum! Petit espace, je dois me coller dans l'angle pour réussir à avoir la porte entièrement.
Ah! mon petit Bézo, c'est ta première émotion de la journée. Cette phrase te parle bien sûr et, en ce moment, bien plus que la couleur du ciel, de la mer et des merveilleux paysages. Cela me donne une idée : je dois absolument trouver un livre qui te "parlera", comme cette intéressante réflexion. Ça pourrait être celui-ci? Il faut d'abord que je l'achète pour moi et si je sens qu'il pourra te "parler" je t'en offrirais un exemplaire. Le mien je le garderai puisqu'il est illustré par F. Matton (extrait ci-dessous). Hé hé!
Nous déjeunons donc, à l'heure espagnole. Petite déception tout de même : la salade "fraîcheur" sentait un peu la fin de saison pour ce qui concerne les feuilles de frisée et la truite fumée, le fromage de chèvre cependant, servi avec du miel de cidre était bon et, les scones - mais ça je m'en doutais - n'avaient rien à voir avec ceux-ci ni les appréciation dithyrambiques que j'avais lues. Snif! Tant pis, je le dis, même si je pense que l'endroit vaut vraiment le détour, on y vend de très bons thés, des épices, de la jolie vaisselle et le côté british est very nice!
Et hop! direction le Cap de la Chèvre. Dans la voiture je lui dis : j'y suis allée avec papa et maman quand j'étais jeune, jamais depuis! Elle me dit : moi aussi! Elle rajoute : tu m'enverras la photo de la porte? - Oui, j'ai réussi à la prendre en entier, c'est une belle phrase, on s'attache trop aux choses matérielles, on devrait vivre chaque journée comme si on allait mourir le lendemain. Elle me répond : encore faut-il en avoir la force! Je lui demande alors si elle n'est pas trop fatiguée? - Ça va. Si tu avais été toute seule tu aurais fait plus de choses sûrement. - Mais non, je préfère être avec toi.
Un car de touristes traîne devant nous, nous passons devant l'immense plage de sable de Morgat. Les souvenirs d'enfance reviennent. Le car va aussi au Cap de la Chèvre. Le parking est bien rempli pour un début septembre. Nous prenons nos casquettes, une petite bouteille d'eau et nous acheminons vers la pointe. C'est superbe, rude, sauvage c'est vrai que si j'avais été seule je serais allée à pied jusqu'à la plage de la Palud mais ça ne lui disait rien. J'ai demandé à une touriste de nous prendre en photo avec mon appareil : elle est très réussie, je la tiens par l'épaule, je la regarde en souriant, elle, regarde l'objectif, sans sourire et toujours en fronçant les sourcils. Derrière ses lunettes de soleil, il fait encore sombre. Nous sommes prises devant ce paysage. Au retour, j'aperçois les Tas de Pois et la Baie des Trépassés :
« Rien ne saurait rendre l'impression d'infinie solitude, de veuvage, de néant, que donne, l'hiver, cette "baie des Âmes", boé an anaon, comme l'appellent les Bretons, en leur langue, d'un mot sourd et plaintif, emprunté, dirait-on, au vocabulaire de l'au-delà. La puissante lamentation de la mer, tantôt éclatait en sanglots, tantôt se traînait en longs gémissements... »
Anatole Le Braz (1859-1926), in Impressions de Bretagne, le pays funèbre, 1896.
« Rien ne saurait rendre l'impression d'infinie solitude, de veuvage, de néant, que donne, l'hiver, cette "baie des Âmes", boé an anaon, comme l'appellent les Bretons, en leur langue, d'un mot sourd et plaintif, emprunté, dirait-on, au vocabulaire de l'au-delà. La puissante lamentation de la mer, tantôt éclatait en sanglots, tantôt se traînait en longs gémissements... »
Anatole Le Braz (1859-1926), in Impressions de Bretagne, le pays funèbre, 1896.
(nous les apercevions que de très loin et zoom à fond mauvaise photo)
En revanche celle-ci vue du ciel est magnifique
Je sens qu'il est temps de rentrer, nous rejoignons le parking, elle me tient le bras. Je lui dis : courage, plus qu'un arrêt, à Morgat, j'ai envie de faire une photo. En cinq minutes nous y sommes. Il fait de plus en plus chaud, elle reste à l'ombre pendant que je traverse la chaussée pour m'approcher de la plage; le soleil plombe vraiment trop, je ne m'attarde pas non plus. Nous retournons à la voiture, dans une ruelle nous nous tenons par la taille, je suis heureuse, je lui dis : on va nous prendre pour des lesbiennes. Elle rit, j'éclate de rire. Nous repassons en voiture devant la plage et les grottes. - Je les ai visitées avec papa et maman quand j'étais petite me dit-elle, je lui dis : je devais être avec vous mais je ne m'en souviens pas très bien.
Morgat, la plage
"Morgat est réputée pour ses grottes, dont la couleur rouge et rosée
sont dues aux oxydes de fer. La renommées de ces grottes est due aux
carnets de voyages des nombreux visiteurs de la Presqu’île de Crozon qui
comme Gustave Flaubert, en 1847, décrivait sa visite des grottes marines de Morgat : « la barque roulait à la godille, on se sentait entraîné vers un royaume nacré, étrange, comme dans un couloir magique »."
Allez, zou! on rentre. Telgruc est sur notre route, je lui propose d'aller y prendre un rafraîchissement, elle est d'accord. Je lui dis que j'en garde un beau souvenir et que j'y suis allée avec toi mon aimé. Arrivées à Telgruc, je cherche le port, dans mon souvenir c'était un petit port charmant, encaissé. Que nenni! Rien de tout ça, mais de belles plages et des falaises découpées recouvertes de landes. Elle me dit : tu dois confondre. On fait demi tour. Tant pis, on rentre, on boira du cidre frais chez moi. Je me demande si je n'ai pas confondu avec Port Manech où je suis allée avec lui, lui dis-je. Le soir chez moi, je cherche sur le web Port Manech et je vois Port Manech-Kerdruc!!! Eh oui! j'ai confondu Telgruc avec Kerdruc; c'était donc à Kerdruc que nous avions passé une nuit mon aimé. Nous avions croisé Xavier Grall la veille à Port Manech. Tout cela est si loin et pourtant je nous revois... je te revois toi surtout, avec ta chemise col Mao, ton éternelle veste chinoise bleu indigo et ta cigarette roulée, scotchée à tes lèvres.
... Le lendemain mon Bézo m'a dit qu'elle avait passé une belle journée avec moi.