dimanche 8 septembre 2013

... car chaque soir... j'espère...




Je me sens le plus malheureux, le plus misérable des êtres. Imagine un homme dont la santé ne sera plus jamais bonne et qui, par pur désespoir de cela, rend les choses pires au lieu de les améliorer ; imagine un homme, dis-je, dont les plus brillants espoirs ont péri, auquel l'amour et l'amitié n'ont à offrir au mieux que souffrance, dont l'enthousiasme (au moins celui qu'on peut stimuler) pour tout ce qui est beau menace de l'abandonner et, je te le demande,  n'est-ce pas un être misérable, malheureux ? "Mon repos a fui, mon cœur est lourd ; je ne le retrouverai plus, jamais, jamais plus"*, je pourrais chanter cela [ce sont les mots de Marguerite] tous les jours maintenant, car chaque soir, au moment de me mettre au lit, j'espère ne pas me réveiller et chaque matin ne fait que ranimer la douleur de la veille.

Franz Schubert (1797-1828), extrait d'une lettre à Kupelwieser, le 31 mars 1824.

* Première phrase du poème de Goethe  Gretchen am Spinnrade. Traduction : Marguerite au rouet.

 Source : L'humeur vagabonde de Charles Sigel.



Lied pour voix et piano composé par Schubert en 1814.

"Le poème est tiré de la première partie du Faust de Goethe. Schubert en a suivi le texte ligne à ligne : Marguerite a été séduite par Faust mais celui-ci la délaisse, elle est seule, elle file la laine, aspire à son retour et ses baisers lui manquent. Ach, sein Kuss (« Ah! son baiser »). Par sa musique, Schubert ajoute une dimension de douceur meurtrie au poème de Goethe, désormais tout est dit : le passé innocent de Marguerite, son exaltation présente, son avenir désespéré." 
(Source Wikipédia) 

Ce week-end en Suisse à Monthey, la Schubertiade.