dimanche 22 septembre 2013

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11 h 15 ce matin.
Je tentai de photographier une araignée dans sa toile, les cloches de l'église venaient de s'arrêter. Je le vis descendre la rue de son pas mal assuré. Il allait, comme chaque dimanche, à la messe. Une heure plus tard, les cloches tintèrent, elles annonçaient la fin de l'office. Il remonta péniblement la côte.
Lorsque je suis arrivée dans ce quartier, il y aura bientôt cinq ans, la première fois que je l'ai vu j'ai cru qu'il était ivre, puis je l'ai revu plusieurs fois, de sa démarche claudiquante. Je le croise tous les jours, il marche sans arrêt, il soliloque; quand je passe près de lui j'entends sa voix : "chabada chabada"; il prononce ces mots sans arrêt, du moins quand je passe près de lui. Si cela me fit sourire au début, aujourd'hui j'éprouve de la compassion. J'ai presque envie de dire : il n'est malheureusement pas en état d'ébriété. Je pense que le jour où il arrêtera de marcher toute la journée, ses articulations se bloqueront d'un seul coup, il tombera et  restera alité. Il m'arrive de penser à lui certains matins (oui, c'est dingue), quand je me lève, et que mes articulations sont grippées. Je marche durant quelques secondes comme lui! [Rires].

C'est ce qu'on appelle un simple d'esprit. Je ne sais pas s'il est heureux selon la phrase biblique  : "Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux est à eux".