mardi 31 juillet 2012

Illusion

Les gens que je croisais cet après-midi le long des quais avaient tous l'air heureux. Je n'avais personne à qui sourire alors je décidais de sourire au vent, aux mouettes, à la barbe à papa dans le ciel. Ainsi je me donnais l'illusion de...

"Rien n'est plus caché à nos yeux que l'illusion dans laquelle nous vivons au jour le jour.".
Henri-Frédéric Amiel, Journal intime.

19 h.
C'est l'heure de l'apéro,  j'écoute Michel Onfray sur France Culture.

Rajouté à 22 h.
Donc, le sujet de Onfray ce soir était Paul Nizan avec et sans Sartre. Et, coïncidence, on y parlait de nihilisme, de la mort et... d'illusion!

Paul Nizan nous dit  :

« Les gens n’on pas envie de vivre la vie qu’ils mènent. »
Il y a du nihilisme et il pose la question, question nietzschéenne et qui sera celle de Camus par la suite :

« S’il y a du nihilisme, comment vivre avec le nihilisme ? Si l’époque est décadente qu’est-ce qu’on peut faire pour vivre dans une époque décadente ? Il reste l’alcool, les femmes, le cinéma, les nuits, les bars, les prostituées, la religion, le romantisme, la poésie, l’ironie, la fuite, le suicide.. »

Il liste tout ça Nizan mais lui choisit le voyage, avec en ligne de mire, Rimbaud et quelques autres figures dont il parle, de Stevenson par exemple et Gauguin, parce qu’il considère qu’il y a un paradis perdu que l’on doit retrouver et qu'on doit pouvoir repartir et aller au bout du monde et découvrir peut-être une recette pour vivre mieux, pour se sauver du nihilisme dans lequel on baigne.

"On aspire dit-il à un paradis perdu et quand on est allé au bout du monde, on découvre l’enfer.".

Nizan écrit dans Aden Arabie :

« Je n’arrive pas à comprendre le néant, mon propre néant futur, mon néant, bien que le néant jure avec l’idée de sa possession. Je me vois donc mort mais incomplètement, je me représente une existence dégradée, je trouve cet état horrible, la mort me dégoûte si elle est vraiment cela, si elle est moins la négation de tout ce qui va venir qu’une disposition encore humaine comme la maladie, le froid, la douleur physique. Je me sens mort : l’indifférence est mûre. Je ne peux pas appeler ces semaines que je vis autrement que : mort c’est tout ce qu’un vivant peut penser quand il veut approcher d’aussi près qu’il le peut de la signification du néant. La véritable mort est ce qu’elle est, ce que la vie n’est pas, ce qu’est l’état d’un homme quand il ne pense rien, quand il ne se pense pas, quand il ne pense pas que les autres le pensent. Je n’en suis pas là : au fond rien n’est perdu. Mais mon illusion est effrayante. »
Et quelques pages plus loin il ajoute :
« Je hais cette vie. ».

On peut aussi lire cette conférence de Michel Onfray ici.