lundi 16 juillet 2012

Cet obscur objet du désir

Samedi 14 juillet.

Je me décidais à aller au centre ville à 17 heures pour vérifier que tout était fermé, inanimé en ce 14 juillet.
Quelle ne fut ma surprise de voir la plupart des magasins ouverts avec des - 50%, ou DERNIERES DEMARQUES pour attirer les badauds, nombreux. Il faut dire que le farniente sur les plages n'est pas d'actualité! Mais, tout de même, ouvrir les magasins un 14 juillet... Les commerçants se plaignent dans le centre ville de ne plus avoir de clients, qui préfèrent aller dans les centres commerciaux où les places de parking ne posent pas (trop) de problèmes, tandis que dans le centre il est de plus en plus difficile de se garer. Aucune envie de rentrer dans les boutiques. Je m'imprégnais de cette ambiance urbaine avec plaisir.
Puisque tout était ouvert, je me suis dit que Philomène devait l'être aussi. Gagné! Je commandais leur tarte au citron meringuée (elle est succulente) avec un thé et m'installais dans un petit coin d'où je voyais les gourmand(e)s faire la queue pour des macarons ou des gâteaux qu'ils emportaient ou venaient déguster sur place. Chez Philomène, la réputation du meilleur pâtissier de Quimper n'est plus à faire et, qu'importe si le salon de thé a l'air d'une cantine, la pâtisserie est divine! Rien n'a pratiquement changé depuis que j'y venais avec ma mère il y a...???  bref, quand j'avais dix-huit ans! 
Je sirotais mon thé à petites gorgées et savourais mon gâteau lentement en lisant cet article d'un Philosophie Magazine consacré à Jacques Lacan. Il date de septembre 2011 mais je n'avais pas pris le temps de le lire à fond!


Non, cet obscur objet du désir n'était pas ma tarte au citron!

L'objet a

"L'objet a (prononcez "petit a"), que Lacan considère comme son apport fondamental à la théorie analytique, est l'objet cause du désir. Et c'est d'abord une énigme que Lacan ne résout pas, mais qu'il nomme d'un "a" (pour "autre") afin de l'inscrire dans la chaîne du savoir. Mais encore? Reprenons l'histoire : à l'origine, nous fusionnons voluptueusement avec la mère (appelée par Lacan, "la Chose"). Ensuite, la parole du père nous arrache à la Chose maternelle et nous précipite dans le langage, donc dans l'existence .[...]" etc.etc.

Jouissance

"Prenant ses distances avec le sens commun, Lacan oppose la jouissance au plaisir. Le plaisir est mesuré, son intensité est limitée; c'est l'état homéostatique du "ni trop, ni trop peu". A l'inverse, la jouissance est une transgression des limites, un "au-delà du principe de plaisir" comme le notait déjà Freud; elle est une décharge violente de notre énergie psychique. Boire un bon verre de bordeaux relève du plaisir, là où la bouteille que s'envoie l'alccolique l'emporte dans une jouissance mortifère. Mais si la jouissance flirte avec la pulsion de mort, elle amène aussi le sujet du côté de la création. Quand il attaque fiévreusement une fugue de Bach, le pianiste Glenn Gould est pris dans le cyclone de la jouissance. Obéissant à une tension extrême, celle-ci peut être pénible et douloureuse : "La jouissance est masochiste dans son fond." Surtout elle signale une interruption du désir."
(A ce moment de ma lecture je l'interromps un instant et je me jette sur ma tarte au citron n'en pouvant plus du désir de la dévorer. Plaisir ou jouissance? Petit plaisir, soyons raisonnable, et je poursuis ma lecture en me léchant les babines remplies de meringue : petite jouissance, pas mortifère. Je blague, je mange proprement en public; chez moi il m'arrive de me lécher les doigts, voire les babines!).
"D'où "la précarité de notre mode de jouissance qui désormais ne se situe que du plus-du-jouir" - une société engagée dans la seule poursuite de la jouissance. Dès lors, l'éthique et le travail de la psychanalyse commandent d'apprendre à ne pas jouir en permanence. Afin de laisser de l'espace au désir pour qu'il puisse prendre consistance."
(J'avais fini ma tarte... s'en même m'en rendre compte.  Ne jamais lire en mangeant).