mardi 10 juillet 2012

Un tramway nommé... péril jaune

Hier je me suis décidée à y aller. J'ai tardé cette année. D'habitude j'y vais pour la fête des mères qui coïncide à peu près avec celle de l'anniversaire de ta mort, le 25 mai. J'étais en vacances et je m'étais promis de le faire au retour. Déjà l'année dernière j'avais tardé... Samedi j'ai acheté la plante, ainsi je m'obligeais à aller sur la tombe.
J'avais échafaudé une journée bien remplie. Après une heure de route, passage au cimetière; je pensais faire le nettoyage en un quart d'heure, j'y ai passé une heure. J'avais pris tout ce qu'il fallait pour qu'elle soit nickel. Je n'en pouvais plus. Pendant que je déplaçais les plaques avec toutes les précautions pour ne pas déclencher un lumbago, un homme est venu déposé de jolies roses sur la tombe d'à côté. Quand il est parti j'ai regardé les inscriptions sur la stèle :  1938-1969, c'était une jeune femme. Je trouvais beau que quelqu'un vienne encore déposer des fleurs en 2012. Qui était-il? Il paraissait avoir 45/50 ans.
J'allais chercher un autre arrosoir rempli d'eau, puis je replaçais les plaques et posais la composition florale, jaune et verte. J'étais satisfaite. J'avais fait mon devoir. Je ne ressens toujours rien devant cette tombe; vous n'êtes pas là, surtout pas là, vous êtes partout, ailleurs. En quittant l'allée je regardais avec envie les plaques du columbarium en me disant : avec ça, le nettoyage est vite fait!
Il était 13 h  et j'avais faim. Les autres années j'allais manger des moules au Tour du Monde! Cette année j'avais prévu d'aller rue de Siam, retrouver d'autres souvenirs de jeunesse et puis, tout le monde ne parlait que de ça : le Tramway de Brest. Il s'est fait désiré celui-là! Je découvre qu'avant 1905, il y avait déjà un tramway à Brest surnommé le "péril jaune"! Ci-dessous :

Carte postale ancienne éditée par GBNG, N°184
Brest (France) - Sur le Grand Pont
Vue d'une motrice du tramway vers la Porte du Conquet
Carte oblitérée en 1905
Collection personnelle
Scanné par Claude Shoshany

J'arrive par des chemins détournés dans le centre ville, évidemment plus question de descendre la rue Jean Jaurès et la rue de Siam en voiture, place au tramway. Pas évident de circuler en voiture du coup.Pfff! Ouf! Je me gare à côté de l'hôtel Océania (une pensée pour elle). Je vole en passant un journal gratuit, le ciel est couvert, il fait 16°!
Un tramway passe, hop, capture!



La rue est déserte, c'est l'heure du déjeuner et puis, c'est lundi : les commerces n'ouvriront que l'après-midi. Sur le lien plus haut, les images de l'inauguration sont plus chaleureuses que cette grisaille. Des bacs sont prévus pour y mettre des plantations sans doute; l'installation n'est pas terminée. Mais mon Dieu que cette rue de Siam avec ces immeubles rectilignes est froide; j'ai hâte de retrouver mon petit Quimper et... je le retrouverai plus vite que prévu. Je ne reconnais rien et ne retrouve pas mes souvenirs de jeunesse. Il est 13 h 40 et il faut que je déjeune. Je vais jusqu'au bout de la rue, près du pont de Recouvrance et je rentre dans le premier restau, il fait trop froid pour manger sur la terrasse. Hum! Très kitch mais le garçon très aimable.



Je commande une salade et je lis le journal "Côté Brest",
nous avons la même publication "Côté Quimper".



J'espère que la photo de la Une a été prise lors d'une journée estivale!

C'était parfait, service rapide, je ne voulais pas perdre de temps, mon programme était chargé. Un petit café et je remonte la rue de Siam, les magasins sont ouverts. Ils auraient mieux fait de rester fermés! Celui-ci m'attire avec sa pomme, je rentre, j'en soulève un, poids plume, ligne parfaite, on ne peut moins épais, un vrai petit bijou ce Mac. Un jour peut-être... Je ressors, enfin, je pense ressortir et PAF EN PLEINE POIRE je me prends la vitrine, ce n'était pas la porte. Je serais incapable de dire pourquoi au lieu d'aller tout droit j'ai pris la tangente. J'aurais été une mollassonne je l'aurais pris tout doucement, mais non, j'ai l'allure fière et tonique et ça a fait un bruit dingue. J'étais complètement sonnée, je me suis appuyée sur une console, une cliente a demandé un mouchoir à son mari mais j'en avais, j'ai cru que j'allais m'évanouir, le sang... le coup sur le front. Il ne fallait surtout pas pleurer, je devais avoir déjà l'air tellement c... La cliente gentiment me demande si je veux m'asseoir, je lui dis non non ça ira, merci, vraiment. Je lui ai demandé si mon front saignait, si mon nez  était coupé (il saignait beaucoup), elle m'a dit non, ne vous inquiétez pas, il n'y a rien de cassé.  Le vendeur lui, occupé avec un client, n'a pas moufté, pôv c...! Je suis sortie hagarde, impression d'avoir pris un coup de marteau sur la tête, en tenant mon mouchoir sur le nez. J'ai vidé le paquet. Ma voiture n'était pas très loin, évidemment mon beau programme était tombé à l'eau, je n'avais qu'une envie : aller pleurer dans ma voiture. J'ai attendu quelques minutes pour reprendre mes esprits et j'ai quitté la ville par le port de commerce où tout était déjà en place pour Brest 2012 qui démarre ce vendredi.

Aujourd'hui tout va (à peu près) bien, rien à l'extérieur mais impression d'avoir vraiment reçu sur la tête un coup de penn bazh!

Je ris parce qu'un ami à qui j'ai raconté cet incident m'a dit qu'il me faudrait maintenant être accompagnée... d'un chien d'aveugle! Une canne blanche dans un premier temps suffira:))