dimanche 21 août 2011

Journal

Récapitulons!

Jeudi 18 août.

Farniente. Je termine de lire le Philo Mag de l’été. Lecture agréable, pour ne pas bronzer idiot.

Ont retenu mon attention :

- Le dossier : La vie est-elle une suite de hasard et plus particulièrement l’article de Michel Eltchaninoff : Le jour où les dés m’ont guidé.
- L’article de R. Enthoven : Fumer tue. L’horreur morale.
Ils n’ont pas publié l’article dans son intégralité. En fumeur invétéré il dit à propos de la pub sur les paquets de cigarettes :
« Si la vérité est un bien, pourquoi ne pas dire toute la vérité ? Pourquoi ne pas dire « fumer tue, mais ne pas fumer ne rend pas immortel pour autant » ? Là est le hic. Et l’arnaque. Personnellement, je ne suis pas tranquille. S’il me suffisait d’arrêter de fumer pour ne jamais mourir, j’arrêterais de bon cœur, mais rien n’est moins sûr. Vivre tue. Demain j’arrête. »

- L’entretien avec Peter Handke par Alexandre Lacroix. J’étais fascinée par ce beau visage tourmenté, voire inquiétant. On peut voir quelques portraits de l'écrivain, photographié par Olivier Roller.


- L’article de François Salmeron à propos de Henri Bergson," la chute en plein élan" et Le Rire. « Sans aller jusqu’à la malveillance, le rire exige « une anesthésie momentanée du cœur » ».

Vendredi 19 août.

Rien, une journée de rien, à tenter juste de tenir debout après une nuit blanche.

Samedi 20 août.

J’ai la preuve qu’on ne peut pas dire : ça ne pourra pas être pire !
Nuit, pire que la précédente. Est-ce d’avoir absolument voulu dormir après avoir vu sur Arte une émission sur le cerveau que je n’ai pas fermé l’œil ? Des recherches sur le cerveau démontrent que le sommeil profond est réparateur de tous les maux et permet de prolonger la vie de plusieurs années. « Le sommeil profond est primordial pour nos capacités intellectuelles, pour avoir une bonne mémoire. Après 40 ans le sommeil profond diminue considérablement ». Pfff ! Où sont mes 40 ans ? Bon, je m’en fiche de perdre des années de vie, au contraire, mais je veux dormir. Je refuse de prendre des somnifères. Très intéressante émission, à revoir : Dopage du cerveau.
Réveil donc ce matin à 8 heures après m’être endormie vers 5 heures, puis réveillée à 5 h 47 par la sonnerie de mon téléphone, j’ai failli le jeter par la fenêtre ; affichage, un numéro inconnu, je n'ai pas décroché ; 5 h 58, rebelote ; me suis levée pour débrancher le téléphone. Envie de mordre… mon oreiller. Hagarde et zombie toute la matinée.

Après-midi, passage à la médiathèque, pris deux DVD :
- JE TU ELLE de Chantal Akerman, c’est sont premier long métrage, elle avait 24 ans.
- A mi-mots, Edna O’Brien de Jérôme de Missolz : « portrait de Edna O’Brien, écrivain irlandaise, flamboyante et rebelle. » Joint avec le DVD un de ses romans, Décembres fous.
« Edna O’Brien est née en 1932 en Irlande, dans le comté de Clare, mais c’est à Londres, où elle s’installe très jeune, qu’elle commence à écrire. Largement autobiographiques, ses premiers romans The Country Girls, The Lonely Girl et Girls in Their Married Bliss) connaissent un retentissant succès de scandale en Irlande en raison de leur description sans équivoque de la sexualité féminine. Le prêtre de sa paroisse demande même, du haut de son autel, à ceux qui auraient par mégarde acheté le livre, de venir le brûler dans la chapelle… »
« C’est une artiste accomplie et, à mon avis, la plus talentueuse des romancières anglaises. » Philip Roth.
Je devrais me régaler.

Lecture de cinq à sept, Thomas Bernhard, Récits (autobiographiques) 1971 – 1982.
Les phrases de l’écrivain sont si longues qu’elles me donnent parfois le vertige comme celui qui m’envahit quand je regarde des derviches tourneurs. Ci-dessous un extrait dont je ne retranscris qu’une page car la phrase se termine trois pages plus loin !

« Le Suisse et sa compagne s’étaient présentés chez l’agent immobilier Moritz juste au moment où, pour la première fois, non seulement j’essayais de lui faire entrevoir, et, pour finir, de lui exposer scientifiquement, les symptômes d’altération de ma santé affective et mentale, mais où j’avais justement fait irruption chez Moritz – qui était sans doute à ce moment-là l’être dont je me sentais le plus proche – pour lui déballer tout à trac et sans le moindre ménagement la face cachée, pas seulement entamée, mais déjà totalement dévastée par la maladie, de mon existence, qu’il ne connaissait jusque-là que par une face externe pas trop irritante et donc nullement inquiétante pour lui, ne pouvant par là que l’épouvanter et le choquer, ne serait-ce que par la soudaine brutalité de l’expérience à laquelle je me livrais, du fait que cet après-midi-là, sans crier gare, je découvrais et dévoilais complètement tout ce que, en dix ans de relations et d’amitié avec lui, je lui avais caché, tout ce que, finalement, peu à peu j’avais cherché à lui dissimuler avec une ingéniosité méticuleuse et calculatrice, tout ce que, sans relâche et sans faiblesse envers moi-même, je lui avais soigneusement voilé pour qu’il ne puisse rien découvrir de mon existence, aussi tout cela l’avait choqué au plus haut point, le Moritz, mais son épouvante n’avait en rien freiné le mécanisme maintenant impétueusement lancé de mes révélations, naturellement influencé par les conditions atmosphériques, et, peu à peu, comme si je n’avais pu faire autrement, j’avais découvert tout ce qui me concernait devant un Moritz complètement pris au dépourvu, cet après-midi-là, par mon traquenard mental, j’avais découvert tout ce qu’il y avait à découvrir, j’avais dévoilé tout ce qu’il y avait à dévoiler ; pendant toute cette scène, je me tenais comme toujours à la place du coin près de la porte d’entrée, en face des deux fenêtres, dans le bureau de Moritz, que j’appelais la pièce aux classeurs, pendant que Moritz, on était déjà fin octobre, était assis en face de moi dans son paletot d’hiver gris souris, ayant peut-être déjà trop bu à ce moment-là, je n’ai pas pu m’en assurer dans l’obscurité qui gagnait ; […] »

Thomas Bernhard, in Oui*, Gallimard, 1980. Page 503.
(*Oui, vraiment, inouï, magnifique.)

On pourrait penser que les récits de Thomas Bernhard vaincraient mes insomnies, eh bien pas du tout. Je n’ai aucune envie de dormir quand je le lis ; je reste très éveillée par l’attente du Point (0_0) puis je redémarre sans lassitude aucune. Sa vie me chamboule.

Dimanche 21 août.

Au réveil : mélancolie.
A midi : humeur joyeuse en écoutant Des papous dans la tête