Il a dû pleuvoir cette nuit, ils sont encore là...
Celui-ci s'étire, je devrais faire comme lui, mes vertèbres sont bloquées depuis deux jours, mes nuits agitées...
Celui-là se recroqueville, agrippé à la glycine... il prend son ptit déj.
Je regarde le ciel, un peu couvert. Mal de tête latent, je prends un Propofan, Dieu merci j'en ai en réserve, pour quelques mois. A chaque fois que je vais le voir, j'ai la migraine : le stress, la tristesse.
Je regarde mes mails... Je réponds, rapidement.
11 h.
Un café serré, un deuxième Propofan. Ma toubib me disait : il faut les prendre par deux tout de suite, je me suis toujours obstinée à commencer par un, parfois ça suffit, mais aujourd'hui il m'en faut un deuxième, pour, en plus, décoincer le plexus.
Déjeuner sur le pouce avant de prendre la route.
12 h 45.
J'arrive à ma voiture sur le parking et que vois-je près de la porte?
Une abeille charpentière!!! Incroyable, j'en parlais l'autre jour ici. Cette fois j'en suis sûre, c'en est une. Elle a l'air nase. Elle l'est. Je la photographie, elle ne bouge pas.
Alors je la titille avec ma clef de voiture, elle ouvre ses jolies ailes mais reste scotchée au sol.
J'ai peur de l'écraser quand je vais démarrer. Je prends ce que j'ai sous la main, un journal, et avec ma clef je la pousse dessus, elle se débat. J'y arrive et je vais la déposer dans le buisson, elle se glisse sous le lierre, je ne la vois plus.
"La femelle n'est absolument pas agressive, mais possède un dard de grande taille et peut infliger des piqûres douloureuses en cas de contrainte (écrasement, capture…)." Hum! Je l'ai échappé belle!
C'est tout de même une coïncidence de voir cette abeille!
13 h.
Sur la route, direction le Morbihan. J'ai envie de repartir en vacances, en septembre. Je pense à mille choses, à des choses agréables, pour occulter cette boule, à l'estomac, depuis ce matin. Oui, je vais partir une semaine quelque part en septembre. Paris est - était - prévu; je ne sais pas, je ne sais plus. J'ai de moins en moins d'amis à voir là-bas et ceux que j'aime le plus deviennent fragiles, ils sont âgés et craignent d'être dérangés dans leur quotidien; je l'ai senti la dernière fois. Je les appelle de temps en temps, pour leur dire que je ne les oublie pas, que je les aime et, avec son accent catalan, elle me répond : nous aussi on t'aime *******!
Attention un radar... Tiens au fait, je n'ai toujours pas reçu de prune pour la fois où j'ai été flashée à Nantua début juin! Croisons les doigts.
Pas trop de monde sur la route...
Que va-t-on se dire? Des banalités, je sais que maintenant je ne peux même plus lui dire qu'il a meilleure mine. Oh j'ai mal au ventre, je me sens presque lâche de ne plus que savoir lui dire.
14 h 15.
Je suis arrivée. Elle m'attend devant la maison avec la petite chienne qui me saute dessus pour que je la caresse; je le fais pour qu'elle arrête d'aboyer. Ma belle-soeur a l'air triste et fatiguée. Comment va-t-il lui demandé-je? Pas bien aujourd'hui, hier un peu mieux.
[...]
14 h 45.
Nous le laissons somnoler et nous partons faire une promenade avec la chienne à Saint Goustan. Je fais quelques photos, à la va-vite...
Nous descendons sur le port et, merveille : il y a une foire aux livres! Et là, non, ce n'est pas possible, le hasard n'existe pas ou, la vie n'est-elle qu'une suite de hasards : après l'abeille charpentière, que vois-je ici, une fois encore après en avoir parlé depuis des jours, le livre qui fut certainement à l'origine du titre de celui-ci :
Nous poursuivons notre promenade dans les vieilles ruelles de Saint Goustan.
16 h 45.
De retour à la maison, la chienne sort mon frère de sa sieste. Il n'a pas bougé d'un pouce. Je lui raconte notre promenade, les touristes, la foire aux livres... pendant que ma belle-soeur prépare le thé. Il n'a plus de forces.
18 h.
Au bout de la rue, avant de tourner et de la perdre de vue, j'ouvre la fenêtre de ma voiture, elle me regarde partir, on se fait de grands signes, à bientôt.
Retour sans encombre, circulation fluide, cerveau coagulé, coeur chaviré.