mardi 16 août 2011

Charlie Jeffery


Et je continue, assidûment, mes visites d’exposition au Centre d’Art Contemporain. En ce week-end du 15 août, tandis que la ville s’assoupit et que les touristes sont à la plage, c’est plutôt agréable de visiter une expo quand tout le monde semble avoir déserté la cité.

WHY STAND
WHEN
YOU CAN FALL
DE CHARLIE JEFFERY

Comme d’habitude, je fais un premier tour des salles rapidement, pour m’imprégner de l’atmosphère, étrange.
Comme d’habitude, je reviens au point de départ et, cette fois je m'attarde dans chaque salle, je regarde chaque objet, sculpture, inscriptions, vidéos en suivant les explications sur la brochure. Sans cette brochure je serais complètement paumée et, je l’avoue, incapable de donner un sens à ce que je vois.
Comme d’habitude, j’ai du mal à comprendre pourquoi, alors que je ne suis pas initiée à ce genre d’art, j’éprouve un plaisir certain dans cet environnement d’œuvres bizarres, qui donnent à la matière et aux couleurs son propre langage.
A vrai dire, je m’amuse beaucoup, je ris, tellement je trouve certaines visions de l’artiste complètement folles.
Et puis, je m'enrichis en découvrant un artiste qui me dirige vers d'autres créateurs que je ne connaissais pas.

Charlie Jeffery est né en 1975 à Oxford, il est diplômé de l’école des beaux-arts de l’université de Reading, en Angleterre. En 2001, il réside à la Fondation Pistoletto, Cittadellarte à Biella en Italie. En 2010, il est invité avec le Mud Office en résidence à la Synagogue de Delme. Depuis 1998, il vit et travaille à Paris.

Donc je lis :
"Pourquoi rester debout alors que tu peux tomber."

"Ce titre choisi par Charlie Jeffery pour son exposition personnelle au Quartier, engage un rapport direct au spectateur et pose d’emblée la question du positionnement du corps. Sous forme d’aphorisme, ce titre établit une équivalence entre la posture traditionnelle du visiteur d’exposition et une chute possible.
Les phrases sont inventées ou collectées à partir de chansons ou de conversations puis recyclées sur différents supports : inscrites à la volée sur des bouts de papier, notées dans le creux de la main ou bien gravées dans la pierre.

La diversité des matières employées (néons, adhésifs, carton…) révèle une plastique du langage où varient les couleurs et les rythmes, comme s’il s’agissait de sculpter le temps et de marquer le caractère fugitif de ces pensées.

Block chair (Fauteuil cube)
Bois contreplaqué.
Ce fauteuil mis à la disposition des visiteurs est composé de deux éléments qui s'emboîtent parfaitement formant ainsi un volume à l'apparence d'une structure minimale. Réalisé en contreplaqué, il met en évidence la technique de fabrication de ce matériau : le collage de strates successives de bois et la compression qui les solidifie. Sa disposition dans l'espace d'exposition face au texte invite le visiteur à s'asseoir et à adapter sa posture.




Block of dust.
Sculpture faite de poussière et de cheveux (0_0)

Modernist dream (nothing was ever read)
Carton et colle.

Divide it your self (Divise le toi même) 2006
Chaise coupée en deux à la hache puis rassemblée comme un objet scindé confronté à son double, cette sculpture est représentative de la pratique artistique de Charlie Jeffery. Ce n'est pas sans raison qu'il a choisi une chaise, l'une des plus célèbres références de l'art conceptuel avec Kosuth. Mais elle porte ici les traces brutales du geste de découpe à la hache et d'un assemblage précaire inversé.

L'artiste travaille souvent à partir d'objets trouvés dans la rue ou de matériaux banals : carton, meubles usagés, polystyrène, mousse expansée, boue, poussière. Il ne s'agit pas ici d'une volonté écologique de recyclage, ce choix n'a pas de portée idéologique. Mais il s'évertue à donner une forme à ces objets, à révéler leur potentiel, en les reconfigurant jusqu'à faire surgir des résultats inattendus.

Any number of divisions 2010
Opercules

Different liquid substances 2010-2011
10 sculptures en Plexiglas.
Cette série de sculptures aux formes dynamiques, conçues à partir de feuilles de Plexiglas éclatées puis réagencées, décline des jeux de transparences et de couleurs. Chaque sculpture est autonome mais dessine avec les autres une forme de constellation.

Jeffery emploie également la figure du double, comme dans ses vidéos où, affublé d’un masque d’âne, il met en scène l’alter ego de l’artiste.
Dans Donkey Work, inspiré des performances grotesques et subversives du californien Paul McCarthy, il entame la destruction violente et systématique d’un mobilier domestique tandis que l’image subit un double renversement : elle est retournée et le sens de l’action est inversé. Cette vidéo aborde la relation aux objets et manifeste les conditions d’aliénation de notre quotidien.


Reproduce (Reproduire) 2007-2011
Photocopieur brisé à l'aide d'une hache (0_0)
(Cliquer pour agrandir)
A la perception de l'amoncellement de matière se superpose l'image mentale de l'énergie qu'il a fallu dépenser pour détruire cet objet. Confrontant le geste du sculpteur aux techniques de reproduction mécaniques, cette destruction d'un outil de travail devient matière à de nouvelles formes de création.


Charlie Jeffery considère l’art comme une activité contingente qui prend place dans un écosystème où les idées, les matières, les formes se contaminent.

The violent past (Le passé violent) 2011
Vidéo de 53' (j'ai tenu 44').
Ces quelques mots extraits d'un reportage diffusé sur la BBC et remis en boucle de manière aléatoire créent des rythmes irréguliers. Ce phrasé répétitif piège le spectateur dans sa propre perception de la violence et du passé.

Gradually modified in the mind
(Graduellement modifié dans l'esprit) 2010
Bloc de pierre d'Espagne gravée.
Cette sculpture est issue d'une série de huit pierres gravées réalisée lors d'une résidence dans le Lot et qui avait été installée dans le lit d'une rivière. la pierre usée par le courant comporte les traces de lichen témoignant du passage du temps.
(Beaucoup de lichen in my mind (0_0))

L’installation sonore, The Violent Past, conçue en écho à l’installation de Gustav Metzger présentée dans le Project Room, révèle un intérêt pour la mémoire historique et revendique la possibilité pour chacun, artistes et spectateurs, d’une distanciation critique. »


(Cliquer pour lire)
Gustav Metzger (nationalité apatride) est né en 1926 à Nuremberg (Allemagne), vit et travaille à Londres (Grande Bretagne)

Source des textes et légendes : catalogue de l’exposition, qui se tient jusqu’au 23 octobre 2011 au Quartier à Quimper.

En quittant les salles d'exposition je me suis attardée dans la bibliothèque du CAC. J'y ai découvert cette amusante sculpture constituée lors d'une performance artistique en compagnie de l'artiste Charlie Jeffery. L'atelier s'est organisé autour de la notion de don, chacun des participants a été prié d'apporter un objet qui a intégré l'oeuvre produite lors de cette performance.
Ce chariot de golf ne pouvait qu'attirer mon attention! J'ai failli emporter la montre mais je n'ai pas osé. Pourtant je trouvais l'idée intéressante. Beaucoup d'objets avaient déjà été subtilisés.



J'ai passé un excellent 15 août pour la Sainte Marie : bonne fête maman!