Amateur de grands espaces, Jim Harrison,
l’auteur de "Légendes d’automne" et de "Dalva",
vit et écrit dans le Montana
J’ai regardé hier soir un portrait de l’écrivain Jim Harrison, né le 11 décembre 1937.
Quelle personnalité magnifique.
Un (vieux) film de 45 minutes suivi d’un « bonus », une passionnante interview (1993).
« Big Jim vit dans le Michigan… Peu à peu, il se dévoile dans son univers face à la caméra : la pêche, les longues promenades avec ses chiens, les ripailles entre amis mais aussi dans sa lutte pour la condition indienne et dans ses moments de grande solitude où il écrit.
Tour à tour expansif et secret, sociable et solitaire, « chien » puis « loup », portrait d’un homme « plus grand que nature » aussi imprévisible et fascinant que les personnages de ses romans. »
J’ai noté quelques « pensées », réflexions :
« Plus je passe de temps dans la nature et plus j’aime Mozart, ou Shakespeare ou Stravinsky, car cela ouvre l’esprit et les oreilles.
Vous entendez ce qu’ils vous disent, ça aiguise le sens esthétique.
J’écris surtout pour des raisons esthétiques.
Un roman sérieux, plein de bonnes intentions, ça me tombe des mains si ce n’est pas bien écrit.
Si l’on veut lire la philosophie, alors lisons les philosophes.
L’exception ce sont des auteurs comme Dostoïevski, capable de bouleverser avec toutes sortes de sujets : folie, philosophie, politique. Saul Bellow a aussi ce talent, il sait tout faire en même temps.
Loin de vous transformer en primitif, la nature ouvre les yeux. Les gens les plus sophistiqués sont en ce sens les plus primitifs, car ils libèrent leur énergie.
Par exemple, Picasso et Matisse étaient des êtres simples mais dotés d’un sens esthétique très développé. Et on ne développe pas forcément ce sens esthétique dans les universités.
Il s’agit d’une entreprise solitaire. »
"Le porto bon marché de l’épicier vaut mieux que l’eau distillée de l’université (dit-il en éclatant de rire).
Il me faut deux siestes par jour avant de reprendre le collier. Henry Miller dit : Ne vous contentez pas de faire une petite sieste. Enlevez tous vos vêtements, glissez-vous entre les draps, mettez un oreiller sous votre nuque, un autre sur vos yeux, et ronflez.
"Henry Miller était un formidable vieux, sage, fou."
Et Wang Wei, le vieux Chinois, dit une chose magnifique : Qui sait pourquoi une porte s’ouvre ou se ferme. Il parle de la poésie."
"Cela fait vingt-cinq ans que je pratique le zen, mais je ne peux pas dire que je sois bouddhiste, puisque ma culture est totalement chrétienne. L'influence la plus évidente du zen se traduit par le niveau d'attention que vous apportez à votre vie. Je pense y être parvenu en grande partie grâce à l'influence et à l'amitié de Peter Matthiessen, Gary Snyder et Dann Gerber. Le cheminement crée la voie. Les cendres ne se retransforment pas en bois."
Ce fut un moment très excitant de voir et d'écouter cet écrivain. Ci-dessous un autre entretien de 1993, il parle entre autre de cuisine, avec humour : "J'ai commencé à faire de la cuisine pour ne plus pratiquer l'adultère" ! Explication (patienter quelques secondes pour le téléchargement) :
Quelques citations :
"L'écrivain est un cheval. Les personnages lui passent un licol et l'entraînent au galop."
"...je me promène dans les champs déserts, les canyons, les bois, mais de préférence près d’un torrent ou d’une rivière, car depuis l’enfance j’aime leur bruit. L’eau vive est à jamais au temps présent, un état que nous évitons assez douloureusement."
"En marge, mémoires" - Mai 2003
"J'ai découvert trop tard le plaisir de rester assis, sans penser à rien de précis."
Jim Harrison