Le jour où je voudrai recommencer
d’écrire dans ce cahier des notes vraiment sincères, il me faudra
d’abord un tel travail de débrouillamini dans ma cervelle encombrée, que
j’attends, pour remuer toute cette poussière.
André Gide, Journal 1889-1939, novembre 1890.
André Gide, Journal 1889-1939, novembre 1890.
Car si un arbre est coupé, il y a de l'espérance, il repoussera
encore et il aura des rejetons. Bien que sa racine soit vieille dans la
terre, et que son tronc soit comme mort dans la poussière.
Job, XIV,7-8. Bible.
L'histoire est tout aussi légère que la vie de l'individu, insoutenablement légère, légère comme un duvet, comme une poussière qui s'envole, comme une chose qui va disparaître demain.
Milan Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être.
La mouche s'assit sur l'essieu du chariot et dit: « Quelle poussière je soulève!.. »
Francis Bacon, Essais.
"J'aime mieux le néant que le mal et la poussière que la pourriture."
Gustave Flaubert, Correspondance à Louise Colet,
28 décembre 1853.
Job, XIV,7-8. Bible.
L'histoire est tout aussi légère que la vie de l'individu, insoutenablement légère, légère comme un duvet, comme une poussière qui s'envole, comme une chose qui va disparaître demain.
Milan Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être.
La mouche s'assit sur l'essieu du chariot et dit: « Quelle poussière je soulève!.. »
Francis Bacon, Essais.
"J'aime mieux le néant que le mal et la poussière que la pourriture."
Gustave Flaubert, Correspondance à Louise Colet,
28 décembre 1853.
lundi 30 avril 2012
Je commence un nouveau journal.Il n'y aura que des mots. Pas d'images.
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J'ai commencé un nouveau journal intime avec le bandeau ci-dessus, cette phrase de André Gide, ces citations et ces mots, le 30 avril 2012. Je l'ai appelé : Poussière. Ma vie devenait trop pesante pour la dire, intimement, ici dans Je. Je n'y écris pas régulièrement. Rien de littéraire, d'artistique, d'esthétique, de journalistique, de philosophique dans ce journal; que du concret, du brut, du rude, de l'inracontable, de l'illisible.
Je m'y confie, quand je sens que je coule; il m'aide alors, parfois, à remonter à la surface... c'est ma bouée de sauvetage.
J'ai commencé maintes fois un nouveau journal intime depuis que je ne l'écris plus au stylo dans mes cahiers. J'abandonne rapidement; le clavier et mon écran m'enlèvent la spontanéité de l'écriture manuscrite, j'ai alors l'impression d'écrire à des lecteurs invisibles - même s'ils n'existent pas puisque ce nouveau journal n'est pas ouvert au public - cette idée m'empêche d'être totalement sincère. J'imagine Babar en hacker espion! Avec le stylo et mon cahier je savais que personne ne lirait ce que j'écrivais; je ne m'appliquais pas, je ne cherchais pas à améliorer le style, je levais le nez de mon cahier pour regarder le ciel par la fenêtre que j'ouvrais pour respirer, pour regarder l'oiseau posé sur le bord et j'y notais aussi les instants heureux. Un fois un oiseau s'est assommé sur ma fenêtre fermée, je suis sortie affolée, il était par terre, je l'ai pris dans ma main, il était chaud si léger, il bougeait, je tremblais, lui aussi, je l'ai posé sur mon banc, je suis allée chercher du coton pour que ce soit plus douillet; je suis revenue, il n'était plus là; j'étais contente. Je suis rentré dans la maison et j'ai écrit cela dans mon cahier. Avec le clavier et l'écran, je ne lève jamais les yeux pour regarder ailleurs; je m'enferme. Pourtant il m'arrive encore d'être visitée... par un oiseau, c'est le même banc mais il n'est plus à la campagne.
Je me leurre en disant que je n’écris que pour moi. Si cela était vrai pourquoi aurais-je besoin d’écrire ici. Ce besoin d’écrire est mû par des sentiments, d’amitié ou d’intérêt pour autrui, d'amour c'était il y a... pfff... la dernière fois que je fus amoureuse, en vrai,... euh, il y a sept ans. J’écris toujours pour quelqu’un, quelqu’un qui m’ « anime », connu ou inconnu, mort ou vivant. Étrange d’écrire pour quelqu’un de mort puisqu’il (elle) ne me lira pas et je ne crois pas que l’âme subsiste après la mort. Paradoxalement, je crois que les morts continuent d’exister, tant qu’on parle d’eux.
Animer :
"Du latin animare (« donner de la vie »), de anima (« souffle, vie »)."
" Qui est-ce qui anime les corps ? La Fable dit que Prométhée anima la statue d’argile qu’il venait de former."
"Cette femme est belle, mais c’est une beauté qui n’est point animée : (Figuré) Il lui manque de la vivacité, de l’expression."
Je me leurre en disant que je n’écris que pour moi. Si cela était vrai pourquoi aurais-je besoin d’écrire ici. Ce besoin d’écrire est mû par des sentiments, d’amitié ou d’intérêt pour autrui, d'amour c'était il y a... pfff... la dernière fois que je fus amoureuse, en vrai,... euh, il y a sept ans. J’écris toujours pour quelqu’un, quelqu’un qui m’ « anime », connu ou inconnu, mort ou vivant. Étrange d’écrire pour quelqu’un de mort puisqu’il (elle) ne me lira pas et je ne crois pas que l’âme subsiste après la mort. Paradoxalement, je crois que les morts continuent d’exister, tant qu’on parle d’eux.
Je suis submergée et aspirée par le vide dès que je ne suis
plus « animée », dès que mon esprit ne l'est plus.
Le vide se creuse, mes mots n’ont plus de chair, je suis in-a(n)imée.
Le vide se creuse, mes mots n’ont plus de chair, je suis in-a(n)imée.
Animer :
"Du latin animare (« donner de la vie »), de anima (« souffle, vie »)."
" Qui est-ce qui anime les corps ? La Fable dit que Prométhée anima la statue d’argile qu’il venait de former."
"Cette femme est belle, mais c’est une beauté qui n’est point animée : (Figuré) Il lui manque de la vivacité, de l’expression."
C'est le Salon du Livre ce week-end.
Un bel article à lire ici, sur l'écriture, les livres, les lecteurs, les non-lecteurs.