22 h 15.
Insomnie la nuit dernière. Je suis envahie par le noir, plus que noir.
Puis la lumière de la côte, éblouissante dès l’aube, éclaircit aussitôt mes sombres pensées.
Promenade ce matin sur le sentier le long de la Côte. Arrêt sur un petit pont. Je filme un carrelet et la mer se jetant dans les entraves des Pierrières. Je regarde en bas, la hauteur du pont, insuffisante, pour m’y jeter. En ai-je vraiment envie ? Oui ! En aurais-je le courage ? Non, évidemment. Tsss! Je continue après le petit pont. Les engins sont passés pour nettoyer la plage et ont laissé leurs empreintes.
15 h. J’ai fait une sieste puis une nouvelle marche. A 18 heures je suis allée au cinéma voir un film avec Gad Elmaleh et Sophie Marceau : Un bonheur n’arrive jamais seul. Un film léger, sans prétention, sans ambition intellectuelle, juste ce qu’il me fallait, pour faire le vide. Un film de vacances ! Avant d’entrer dans le cinéma, le responsable de la projection est arrivé en camionnette, celle-ci remplie de bobines de films. Je me suis crue sur le tournage de Cinéma Paradiso ! J’imaginais qu’il allait installer un écran, des chaises pour les spectateurs ; il était en retard et nous a fait patienter, le temps d’installer son matériel dans sa cabine de projection à l'intérieur du cinéma, puis il s’est posté derrière le guichet et nous avons pu rentrer. Joie! Il m'a demandé une pièce d'identité quand je lui ai demandé le tarif "senior". Je lui dis : "ce n'est pas parce que c'est écrit Chipie sur mes tennis que j'en suis une", nonobstant mon côté Maud (sans Harold). Il m'a donné mon ticket d'entrée senior en me regardant bizarrement. Non mais! Non, ce n'était pas une "salle polyvalente" mais un vrai cinéma avec un homme polyvalent. C’était délicieux cette ambiance artisanale, il devait certainement passer d’une ville à l’autre avec ses films. J’ai craint un instant de découvrir une salle inconfortable, des fauteuils en bois, mais non, tout était impeccable, le confort, le son et l’image ! Bon, si la mise en bouche était celle de Cinéma Paradiso, le film sur l’écran était loin de cette poésie.
Ce soir au restaurant de l’hôtel, le couple de parisien s’en est encore donné à cœur joie avec un poisson entier ; leur menu : un ânon (c’est laid) qui ne me faisait pas du tout envie ! Chaque soir nous nous saluons, nous sourions, échangeons quelques mots. Je tente de prendre discrètement une photo du poisson et lui, m'ayant vu le faire, me propose de le prendre de plus près. Je le remercie. Et ils n’en laissent pas une miette. Il me proposera ensuite, après avoir glissé la peau du poisson sous la tête, de le prendre quand ils l'eurent terminé! Non, ce n'est pas un gag.
Je vais lire ce soir, tard, jusqu’à ce que mes yeux se ferment. J’écoute un CD sur mon ordinateur, pas trop fort pour ne pas gêner les clients âgés en majorité, qui se couchent tôt. J’ai du mal à me concentrer. Le livre de Olivier Adam : Le cœur régulier, me plaît. Belle écriture, un rythme qui ne vous laisse pas de répit. Je n’avais rien lu de cet auteur. Des thèmes qui me touchent – oui, on ne se refait pas : le deuil, le suicide, l’existence - être ou ne pas être – un beau roman. Lire ici le mea culpa de la journaliste sur l'auteur.
Je pose mon livre un instant pour n’écouter que le Dixit Dominus, religieusement. C'est beau.