jeudi 13 septembre 2012

Jour 5

Jeudi 13 septembre.
22 h 15.

Insomnie la nuit dernière. Je suis envahie par le noir, plus que noir.
Puis la lumière de la côte, éblouissante dès l’aube, éclaircit aussitôt mes sombres pensées.

Promenade ce matin sur le sentier le long de la Côte. Arrêt sur un petit pont. Je filme un carrelet et la mer se jetant dans les entraves des Pierrières. Je regarde en bas, la hauteur du pont, insuffisante, pour m’y jeter. En ai-je vraiment envie ? Oui ! En aurais-je le courage ? Non, évidemment. Tsss! Je continue après le petit pont. Les engins sont passés pour nettoyer la plage et ont laissé leurs empreintes.





15 h. J’ai fait une sieste puis une nouvelle marche. A 18 heures je suis allée au cinéma voir un film avec Gad Elmaleh et Sophie Marceau : Un bonheur n’arrive jamais seul. Un film léger, sans prétention, sans ambition intellectuelle, juste ce qu’il me fallait, pour faire le vide. Un film de vacances ! Avant d’entrer dans le cinéma, le responsable de la projection est arrivé en camionnette, celle-ci remplie de bobines de films. Je me suis crue sur le tournage de Cinéma Paradiso ! J’imaginais qu’il allait installer un écran, des chaises pour les spectateurs ; il était en retard et nous a fait patienter, le temps d’installer son matériel dans sa cabine de projection à l'intérieur du cinéma, puis il s’est posté derrière le guichet et nous avons pu rentrer. Joie! Il m'a demandé une pièce d'identité quand je lui ai demandé le tarif "senior". Je lui dis : "ce n'est pas parce que c'est écrit Chipie sur mes tennis que j'en suis une", nonobstant mon côté Maud (sans Harold). Il m'a donné mon ticket d'entrée senior en me regardant bizarrement. Non mais!  Non, ce n'était pas une "salle polyvalente" mais un vrai cinéma avec un homme polyvalent. C’était délicieux cette ambiance artisanale, il devait certainement passer d’une ville à l’autre avec ses films. J’ai craint un instant de découvrir une salle inconfortable, des fauteuils en bois, mais non, tout était impeccable, le confort, le son et l’image ! Bon, si la mise en bouche était celle de Cinéma Paradiso, le film sur l’écran était loin de cette poésie.

Ce soir au restaurant de l’hôtel, le couple de parisien s’en est encore donné à cœur joie avec un poisson entier ; leur menu : un ânon (c’est laid) qui ne me faisait pas du tout envie ! Chaque soir nous nous saluons, nous sourions, échangeons quelques mots. Je tente de prendre discrètement une photo du poisson et lui, m'ayant vu le faire, me propose de le prendre de plus près. Je le remercie. Et ils n’en laissent pas une miette. Il me proposera ensuite, après avoir glissé la peau du poisson sous la tête, de le prendre quand ils l'eurent terminé! Non, ce n'est pas un gag.




De mon côté je n’ai pratiquement rien mangé : l’entrée était nulle, une terrine de poisson fadasse, sans sauce tomate ou autre qui fut savoureuse, présentée avec deux crottes de mayonnaise (je n'aime pas la mayonnaise) puis un filet de poisson trop cuit, archi sec avec trois morceaux de pommes de terre frites grasses. Indigne d’un hôtel de cette catégorie. Inadmissible, même en demi-pension. Demain je tenterai le plat de viande. J’avais pris une bouteille de sancerre dès mardi soir que l’on me gardait pour les jours suivants. Pas une seule fois un serveur n’est venu sortir la bouteille du seau à glace pour me servir. On ne laisse pas une femme seule se servir à boire, ce que j’ai  dû faire. Bel hôtel extérieurement mais beaucoup de choses à revoir..

Je vais lire ce soir, tard, jusqu’à ce que mes yeux se ferment. J’écoute un CD sur mon ordinateur, pas trop fort pour ne pas gêner les clients âgés en majorité, qui se couchent tôt. J’ai du mal à me concentrer. Le livre de Olivier Adam : Le cœur régulier, me plaît. Belle écriture, un rythme qui ne vous laisse pas de répit. Je n’avais rien lu de cet auteur. Des thèmes qui me touchent – oui, on ne se refait pas : le deuil, le suicide, l’existence - être ou ne pas être – un beau roman. Lire ici le mea culpa de la journaliste sur l'auteur.

Je pose mon livre un instant pour n’écouter que le Dixit Dominus, religieusement. C'est beau.