mardi 11 septembre 2012

Jour 3

Mardi 11 septembre.
22 h.

Finalement mon dîner hier soir devant la plage fut agréable. Mon mal de tête s’était estompé après ma douche. J'ai même pu prendre un verre de rosé avec mes moules. La vue était si belle, je ne pouvais pas continuer d’être triste.


Un homme jeune, est venu s'installer face à ma table. Je l'observais seul, attablé, en train de lire un gros livre en buvant du coca avec sa pizza. C’est rare de voir un homme lire un livre. Il avait l’air très absorbé par sa lecture. Je ne pouvais pas voir le titre.


Les moules était très bonnes et bien charnues. Il faisait nuit quand j'ai pris mon café. J'ai quitté ce bistrot agréable et fait une petite promenade digestive dans le centre de Saint Palais. Ces jets d'eau lumineux me rappelaient les "fontaines musicales" d'Evian. Ce doit être un truc à la mode pour les touristes. Celles-ci semblaient un peu "essoufflées"!


 Celles d'Evian ci-dessous... Mon coeur se serre en les voyant.
C'était en mai et j'étais si heureuse là-bas. Pourquoi?



Aujourd’hui j’ai fait une grande promenade à pied le long de la Grande Côte. Au retour j’étais épuisée, en nage, le ciel était couvert et malgré un petit vent l’air était chaud. Je ne me méfie jamais des retours ; je pars et je décide de m’arrêter et de faire demi tour quand je sens la fatigue, c’est trop tard, et je rame pour revenir au point de départ.









Pour en savoir plus sur la promenade du sentier le long de la côte

Ce soir, premier dîner à l’hôtel. La salle du restaurant était pleine quand je suis arrivée mais on m’avait réservé une bonne table, la même qu’au petit déjeuner, avec une vue imprenable sur la baie. J’apprécie cette attention, j’appréhende toujours d’être reléguée dans un coin parce que je suis seule. Lorsque cela m’arrive dans un restaurant, je ne crains plus de demander une autre table et si la réponse est négative je ne reste pas.

Ce soir j’ai vu le plus beau ciel que j’aie jamais vu de ma vie, je me mordais les lèvres de ne pouvoir le prendre en photo mais ç’eût été vulgaire de sortir mon appareil dans un endroit aussi chic. Je me régalais au fil des minutes à l’observer ; une palette de couleurs complète, inimaginable, je n’avais vraiment jamais vu pareil ciel, même pas dans un tableau. Tout d’abord le soleil se couchant, comme n’importe où au-dessus de la mer mais ensuite, après le rouge flamboyant et qu'il se fut enfoui dans la mer,  ce furent des traînées anthracites, mauves, roses, puis bleues, vertes ; ce que je voyais était indescriptible, sauf par un poète : des coups de pinceau, de brosse par l’artiste nature au sommet de son art, déchiraient le ciel. On venait de m’apporter une soupe de poisson excellente dans une soupière en argent ; j’ai arrêté de la savourer pour contempler ce ciel, j’en restais bouche bée, il captait mon regard comme un aimant, j'avais conscience du privilège d’être là, et par le plus grand des hasards.

Je pensais à toi mon aimé ; ces couleurs t’auraient inspiré des « Fenêtres sur ciel ». Quelques minutes avant, encore par hasard, je venais de découvrir un petit mot de ta main dans cette pochette que je n’utilise qu’en vacances pour aller dîner. Je l’ai depuis presque trente ans, elle n’a pas bougé, est indémodable et ce petit mot tu me l’avais écrit lors d’un dîner à Evian. Soudain je n’étais plus seule.

Après la soupe excellente, le poisson qui me fut servi était sans saveur, sec, trop cuit, avec des pommes-de-terre frites très grasses et trois petits cubes de courgettes qui se battaient en duel! Premier soir, je ne dis rien. Dessert : salade de fruits frais. Je rêve! Des morceaux d’ananas et d’abricots en conserve et des morceaux de pommes pour le fruit frais. Premier repas décevant, dans un tel endroit je m’attendais à mieux. Attendons les autres jours…

Ce soir, ce ciel aura suffi pour justifier mon séjour ici alors que quelques heures avant je me disais encore : mais qu’est-ce que tu fais là.

En rentrant dans ma chambre, je me suis couchée, j'ai commencé un roman d'Olivier Adam : Le coeur régulier, lu quelques pages, mes paupières se fermaient, je n'ai pas insisté. Ma fenêtre est ouverte, j'entends la mer, je trouve ce bruit rude, j'essaie de retrouver la douceur du clapotis du Léman... quand le lac est calme. Le Léman ressurgit dans mon esprit, parce que je pense à... eux sans cesse.