lundi 25 avril 2011

Journal du week-end

Dimanche de Pâques.

Matin : ménage ! Pfff ! Au septième jour tu te reposeras. Hum ! J’aime faire le ménage quand tout le monde se repose ; je me repose toute la semaine, quand tout le monde bosse.
Midi : j’entends les cloches, fin de la messe.
Après-midi : lecture de 14 à 16 h, La promenade de Robert Walser. L’auteur raconte en détails une journée de promenade. C’est exquis. Se lit d'une traite.
17 h : golf.
Soirée : DVD emprunté à la médiathèque, Jean-Paul Sartre : 20 ans d’absence ? La pensée sartrienne sous toutes ses formes : roman, théâtre, philosophie, engagement de l’intellectuel dans la politique. Je prends conscience de n’avoir pas lu le dixième des œuvres de Sartre. Je n’ai lu que Les Mots, L’Etre et le Néant (du moins ce que j’avais réussi à ingérer), les trois tomes des Chemins de la Liberté, La Nausée.
Me suis couchée, épuisée, mais contente de ma journée

Lundi de Pâques.

Matin : rien. J’écoute de la musique… et je souris aux anges. Je suis bien.
Midi : déjeuner frugal sur la terrasse en écoutant Radio Classique : melon et involtinis. Yaourt (0_0) (joyeuses pâques). Café avec petits macarons.


13 h 30.
J’entends le Stabat Mater de Pergolèse avec la soprano Anna Netrebko ; très belle voix. Je regarde la place de l’église, déserte, que je surplombe de ma terrasse, je vois la croix au sommet du clocher et moi, la mécréante, j’ai l’impression d’être à la messe. Chacun prie comme il veut. Un moment de grâce.


La radio annonce que l’on pourra entendre la soprano mardi 26 avril Salle Pleyel à Paris et jeudi 28 au Victoria Hall à Genève. Ils feraient bien de se renseigner avant de faire leurs annonces ! Je viens d'aller vérifier : annulation!

20 h.
En voilà une (caille) qui va finir en cocotte avec des pommes de terre nouvelles rissolées. Elle me rappelle une toile de Soutine ; j’exagère ! Je la prends en photo et je fais une rotation pour la mettre dans le même sens que le Poulet de Soutine. Fou-rire ! Une horreur! Suis écroulée de rire avec la dernière photo. Danse ma caille, bientôt tu vas cuire à feu doux!



 Le Poulet plumé
Chaïm SOUTINE (1893 – 1943)
vers 1925
huile sur toile



Non mais, j'ai vraiment du temps à perdre pour photographier ma caille. Elle est repoussante et pourtant elle était savoureuse:)

22 h.
J’écris ici et je me dis que c’est nul. Je cherche une consolation et je lis quelques extraits de Journal intime (17000 pages) de Henri-Frédéric Amiel : le pour et le contre. Je peux aller me rhabiller et je n'ai pas de chat!

Le contre :

13 mai 1847
Fausseté du journal intime. Il ne dit pas toute la vérité, il reflète plutôt les découragements, défaillances, dégoûts, faiblesses, que les moments de bonheur, de vie élevée, de contemplation. Il est confident de la souffrance et non du bonheur, témoin à charge et non à décharge.

12 mars 1862
Quand on ne converse plus guère qu'avec soi-même, la prolixité du monologue est imminente ; le journal intime devient un peu comme ces vieilles dames qui, vivant seules, finissent par causer à leurs meubles et à leurs chats, pour maintenir leur aptitude à la parole. Il y a certaines semaines où je donne dans ce piège d'oisif solitaire et de vieillard rabâcheur. Il me semble qu'aujourd'hui, ma plume a terriblement marmotté entre ses dents de choses inutiles et connues. Le soliloque a tourné en cercle comme l'écureuil prisonnier.

Le pour :

20 septembre 1864
Pour quelle raison continuer ce journal ? parce que je suis seul. C'est mon dialogue, ma société, mon compagnon, mon confident. C'est aussi ma consolation, ma mémoire, mon souffre-douleur, mon écho, le réservoir de mes expériences intimes, mon itinéraire psychologique, ma protection contre la rouille de la pensée, mon prétexte à vivre, presque la seule chose utile que je puisse laisser derrière moi (car que fera-t-on de mes cours que je n'amène jamais à maturité pour l'expression ?).

17 août 1865
J'oscille perpétuellement entre mon instinct et mes principes, l'un me disant : Vis caché, l'autre me criant : Vis pour autrui. Mon journal est mon procédé pour me sentir exister ; il est le compagnon de ma solitude, mon consolateur et un pis-aller. Je l'excuse, sans le préconiser. C'est un moindre mal sinon un bien.