mercredi 13 avril 2011

Spleen, enième...

Nous nous étions donnés rendez-vous au port pour prendre l'apéritif.
A chaque fois que je descends le petit chemin et que j'aperçois ce paysage, je m'obstine à prendre des photos alors que JE SAIS que pas une seule ne rendra CE QUE JE VOIS.
Ce que je vois est vivant, bouge, dégage un parfum incommunicable.
Il est 19 heures... on se tape la cloche au Café de la Cale avec La Plancha Bigoudène : pâté Hénaff, andouille, saucisson, jambon, pain croustillant, un verre de Menetou-Salon et ce spectacle sous les yeux.






Il est 22 heures, le retour...
Pourquoi ne suis-je pas plus heureuse? Pourquoi toujours ce sentiment de manque?  Je vis pourtant  quelques instants de joie, mes lectures souvent m'enchantent, n'est-ce pas suffisant pour être heureuse? Il serait temps que je me satisfasse de ce qui m'est offert. Sais-je ce que je veux?

Depuis quelques jours j'écoute chaque matin les émissions des NCC qui préparent aux sujets du bac philo :
"Vivre l'instant présent, est-ce une règle de vie satisfaisante ?"
"Qu'attendons-nous pour être heureux ?"
"Homo festivus"
"... n'y a-t-il que le méchant qui soit seul ?"
Jouissif!


Une colonne chante

Quel est celui qui m'aime assez
pour rejeter la vie qu'il aime?
Si quelqu'un pour moi se noie dans la mer,
je serai rédimée de la pierre
pour revenir, revenir dans la vie.

J'ai telle nostalgie du bruissement du sang;
la pierre est un si grand silence.
Je rêve de la vie : la vie est bonne.
Personne n'aura-t-il
le courage de me réveiller?

Et si je suis un jour au milieu de la vie
qui me prodiguera le plus pur de son or, -
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .  .   .   .   .   .   .
solitaire je pleurerai,
je pleurerai après ma pierre.
A quoi me sert mon sang s'il mûrit comme un vin?
Il ne peut de son cri faire surgir de la mer
celui qui m'a le plus aimée.

Rainer Maria Rilke, in Le livre d'images.