samedi 9 juillet 2016

Le spleen comme une grâce


Entretien avec Olivier Py par Alexandre Demidoff (extraits).

A quoi sert le théâtre?
A changer les hommes. Quand on ne peut pas changer le monde, on change les hommes. Et peut-être qu’ils changeront le monde. J’ai été changé par le théâtre. Je travaille avec des détenus. L’un d’entre eux, qui s’en est sorti, s’est inscrit au conservatoire. Le théâtre lave les âmes.
 
Dire comme vous le faites que c’est l’art du XXIe siècle, n’est-ce pas un vœu pieux?
C’est l’art du XXIe siècle à cause de la présence réelle des acteurs, celle que n’offrent pas les jeux vidéo, les réalités virtuelles. Vous remarquerez que les arts plastiques ont tendance à se théâtraliser. Même s’ils s’en défendent. Le théâtre a toujours été vilipendé, c’est pour ça qu’il est magnifique. C’est l’art du XXIe siècle aussi parce qu’il n’est pas rentable. 
 
Vous avez souvent travaillé à Genève, au Grand Théâtre notamment. Vous y monterez en septembre Manon de Jules Massenet avec la chanteuse Patricia Petibon. Qu’est-ce que cette ville vous inspire?
C’est l’Europe rêvée. Tout le monde y parle toutes les langues. Les Français disent parfois que les Suisses sont lents : or ce qu’ils appellent lenteur est de la considération, le souci de l’autre. Quand je retourne en France, j’ai l’impression de rentrer chez les barbares.
[...] 

Votre chasse-spleen préféré? 
J’accueille le spleen comme une grâce. Le mot est tellement doux. Je me retrouve dans la tristesse qui me lave de beaucoup de vanités.