vendredi 22 juillet 2016

J'aime les nuages



Je ne voulais pas talonner les deux joueurs qui me précédaient. 
J'attendais pour taper mon coup. Ça me laissait le temps de reprendre mon souffle dans la montée du 2.
J'appréciais le silence.
Je regardais le ciel et ses nuages. 
J'avais le temps de faire une photo. Le viseur cadrait le soleil derrière le nuage, d'où l'effet sombre de contre-jour.
J'aimais cet alignement de nuages qui suivait la courbe des arbres; le ciel bleu qui apparaissait était comme une mer rafraîchissante. 




Je pensais à toi... à lui.
Un joueur me suivait, il m'a rattrapée sur le trou suivant. Nous nous connaissions un peu, il jouait souvent avec lui. Nous avons terminé le parcours ensemble.

- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ?
ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est
resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas...
là-bas... les merveilleux nuages !

Charles Baudelaire, L’Étranger.