mercredi 30 avril 2014

De l'extase de la vitesse à la gourmandise de la conduite

J'ai aimé cette semaine, sur France Culture - eh oui! toujours la même radio :

. L'émission des NCC sur Ce que nous dit la vitesse et, plus particulièrement celle consacrée à la Formule 1. Que se passe-t-il dans le cerveau, l'esprit, le corps du pilote qui, à chaque millième de seconde frôle la mort! Pourquoi les spectateurs, téléspectateurs sont-ils fascinés par la Formule 1? Les réponses dans l'émission. 
La liste est longue des pilotes qui ont trouvé la mort dans leur bolide et celle-ci n'est pas exhaustive.
Et Schumacher? Il a échappé à la mort en Formule 1 mais pas au coma (c'est pire) en faisant du ski!
J'ai toujours aimé la vitesse, sans prendre de risques! Je ne suis pas Françoise Sagan, ni Ayrton Senna!


 

Ayrton Senna da Silva, triple champion du monde, s'est éteint il y a 20 ans, 
le 1er mai 1994 sur le circuit italien d'Imola, 
alors qu'il menait le Grand Prix de Saint-Marin.

Extraits lus durant l'émission :

« Admettons-le, beaucoup d’entre nous sont sensibles au chant des sirènes de la vitesse, et que nous chantent-elles, pourquoi nous charment-elles, comment le dire, comment dire ce que nous dit la vitesse, ce souffle qui dans les nerfs passe sous la peau comme un charme, ne tient à rien d’apparent mais nous ravit, dans un monde à lui, jusqu’à risquer de nous perdre, de ne plus sentir la limite, d’aller trop vite. Comment dire ce plaisir géométrique dans un virage où nous passons sur la ligne, l’exacte ligne au-delà de laquelle la voiture deviendrait incontrôlable. Et comment le sentons-nous ce point limite, d’équilibre de la voiture, de cette voiture précisément, à cet endroit précis, si ce n’est par notre corps qui sent au-dedans la masse de la voiture autour. »

Jean-Philippe Domecq, in Ce que nous dit la vitesse


Au Grand Palais, 1955, DS19.

« Je crois que l’automobile est aujourd’hui l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques ; je veux dire une grande création d’époque conçue passionnément par des artistes inconnus, consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui s’approprie en elle un objet parfaitement magique. Mais il se peut que la Déesse marque un changement dans la mythologie automobile.
[…]
Jusqu’à présent, la voiture superlative tenait plutôt du bestiaire de la puissance; elle devient ici à la fois plus spirituelle et plus objective, et malgré certaines complaisances néomaniaques (comme le volant vide), la voici plus ménagère, mieux accordée à cette sublimation de l’ustensilité que l’on retrouve dans nos arts ménagers contemporains : le tableau de bord ressemble davantage à l’établi d’une cuisine moderne qu’à la centrale d’une usine : les minces volets de tôle mate, ondulée, les petits leviers à boule blanche, les voyants très simples, la discrétion même de la nickelerie, tout cela signifie une sorte de contrôle exercé sur le mouvement, conçu désormais comme confort plus que comme performance. On passe visiblement d’une alchimie de la vitesse à une gourmandise de la conduite. »

Roland Barthes, in Mythologies.