vendredi 4 avril 2014

Ne plus faire semblant... avancer sans masque...

Je viens d'écouter cette émission du 25 octobre sur France Culture (à partir de la 2e minute). Elle était invitée à l'occasion de la publication de ses Mémoires : L'enfant du 15 août.




« J’en ai assez d’avancer masquée, «  d’accrocher un sourire à ma face » pour faire croire que tout va bien. J’ai si souvent caché mes larmes devant ceux qui me jugeaient, me condamnaient, saisissaient mes livres, me privaient de mes droits civiques… Je jouais l’indifférence ne voulant pas leur donner la joie de voir mon désarroi. Je luttais contre moi-même, refoulant mes larmes, me mordant les lèvres pour ne pas pleurer.
-          Quelle force de caractère ! m’ont dit certains.
Ils n’ont pas compris que je luttais contre la bêtise qui voulait m’abattre. J’ai tenu. Envers et contre tous. Ils n’ont pas vu mes larmes. Ils n’ont pas entendu mes cris de rage. Ne plus faire semblant, c’était croire en leur victoire, c’est accepter de vieillir.
Le temps a passé. Je ne fais plus semblant. J’avance sans masque, sans défense. Ai-je moins peur de l’autre ? Non. Je le tiens à distance. Je fais un rempart de mes livres. Dans l’écriture, je trouve ma force, elle m’isole du monde, même si, parfois, les mots se refusent à moi. Alors je cherche un refuge dans les mots des autres et, peu à peu, les miens se laissent apprivoiser. Je possède ce bonheur qu’une lecture m’aide encore à vivre, écrit François Mauriac. »

Régine Deforges, in L'enfant du 15 août, éditions Robert Laffont, 2013.

« Je ne pensais pas que l’écriture de mes Mémoires serait si difficile. »

« L’édition française a toujours été très molle, très lâche, il a fallu des gens comme Jean-Jacques Pauvert pour éditer Sade. C’est une drôle de société que la société française : on a les plus beaux textes sensuels mais quelque chose coince. Je me demande si le puritanisme du XIXe siècle n’est pas responsable de ces blocages. »

« Ce qui est intéressant c’est de ne pas être comme l’autre, à quoi peut servir le mariage pour les homosexuels, c’est la différence qui est intéressante ! »

« Je suis féministe ! Je ne conçois pas que l’on soit une femme sans être féministe mais je ne suis pas féministe à brandir des drapeaux ou à enlever mes petites culottes. Ce sont les féministes qui ne veulent pas me reconnaître. »