On trouve tant de renseignements, de riches documents, biographies, sur Nicolas de Staël, (1914-1955), que je ne me lance pas dans une chronique fouillée qui serait ardue et incomplète. Envie simplement de poser quelques images - après l'écoute de Charles Sigel qui raconte la vie de ce "prince foudroyé" en truffant ses recherches de quelques pépites -, et de "croquer" quelques "morceaux" de sa vie et de ses muses. C'est bien sûr aborder trop superficiellement la vie intense et tourmentée d'un immense artiste.
21 janvier 1950
Bernard Dorival conservateur en chef du Musée National d’Art Moderne de Paris :
Nicolas de Staël est abstrait. Mais de tous les abstraits c’est sans doute celui qui évite le mieux le danger du décoratif et atteint le plus à l’humanité.
Nicolas de Staël écrit pour le remercier :
Merci de m’avoir écarté du gang de l’Abstraction Avant*. Abstrait donc oui, mais pour exprimer quelque chose : des masses colorées, les mille et mille vibrations par lesquelles nous percevons le réel et la vie.
Bernard Dorival conservateur en chef du Musée National d’Art Moderne de Paris :
Nicolas de Staël est abstrait. Mais de tous les abstraits c’est sans doute celui qui évite le mieux le danger du décoratif et atteint le plus à l’humanité.
Nicolas de Staël écrit pour le remercier :
Merci de m’avoir écarté du gang de l’Abstraction Avant*. Abstrait donc oui, mais pour exprimer quelque chose : des masses colorées, les mille et mille vibrations par lesquelles nous percevons le réel et la vie.
* C’était une allusion aux faits divers sanglants du gang des
Tractions Avant Citroën qui défrayait la chronique depuis l’occupation.
Même idée dans une autre lettre, de Staël à Roger van Gindertael :On ne peint jamais ce qu’on voit ou croit voir. On peint à mille vibrations le coup reçu, à recevoir, semblable, différent.
Nicolas de Staël : Marché, Afrique
Nicolas de Staël en 1954
Coll. particulière
Anne, Jeannine et Nicolas, rue Nollet, Paris, 1944 D. R.
©Jeannine Guillou, héritiers, 2012
Nicolas de Staël, Portrait de Jeannine,1941-1942
Jeannine Guillou Maisons à Nice, 1943 Huile sur toile 46,2 x 38 cm
Collection particulière Photo Jean-Louis Losi, Paris
©Jeannine Guillou, héritiers, 2012
"Jeannine Guillou (1909-1946) fut la première compagne de Nicolas de
Staël. Elle était peintre elle aussi. Si quelques unes de ses œuvres
sont
visibles aujourd’hui au Musée de Dijon et au Musée Picasso d’Antibes, la
plupart sont jalousement, intimement gardées dans des collections
privées,
comme un secret. La personnalité de cette femme hors du commun éclaire
ses
tableaux d’une lumière qui a mystérieusement gardé toute sa fraîcheur.
Jeannine
naît le 17 mai 1909 à Concarneau. Elle commence à peindre vers l’âge de
quatorze ans et lorsqu’elle rencontre Nicolas de Staël au Maroc en 1937,
elle a
déjà atteint une grande maturité dans ses recherches picturales alors
que le
peintre âgé de 23 ans est encore dans le doute. [...] Jeannine qui a étudié aux Arts décoratifs de Nice est déjà un peintre affirmé. À Fès,
en 1935, un critique d'art a couvert d'éloges son travail et son talent
« viril et nerveux ». [...] Nicolas, lui, cherche encore son style. Un dialogue s’est
ouvert sous la lumière éblouissante du Maroc et ne
s’éteindra jamais. L’histoire de cette rencontre tient dans ces quelques
mots
que Jeannine écrit sur son lit d’hôpital «J’ai confié ma vérité à un
menteur
né/ qui jamais ne pourra la dire/il la vivra/ son génial mensonge au
monde la
rendra palpable»…"
Tombe de Nicolas de Staël et Jeannine Guillou à Montrouge
"Quelques mois après la mort de Jeannine, Nicolas épouse Françoise Chapouton (1925-2012) que le couple avait engagée à l'âge de dix-neuf ans pour s'occuper des
deux enfants, Anne et Antek. Staël aura encore deux enfants, Laurence et
Jérôme, de sa nouvelle femme. Et par la suite, un troisième, Gustave.... dont le peintre dit que c'est « son portrait en miniature, un objet très vivant . »
[...]
En 1954, Staël s'éprend d'une autre femme : Jeanne Mathieu qui deviendra sa muse et sa maîtresse. Pour être
près de celle qu'il aime, et qui réside près de Nice, le peintre loue un
appartement à Antibes où il vit seul, sans sa famille et où il installe son atelier. « Pour la première fois de sa vie, Staël aime plus qu'il n'est aimé. Sa passion pour Jeanne le submerge. » C'est elle qu'il campe de mémoire dans : Jeanne (nu debout) (146×97 cm), 1953, tableau postdaté et intitulé en 1954 Nu Jeanne, une silhouette vaporeuse, émergeant d'une brume de couleurs tendres. C'est également Jeanne Mathieu qui a servi de modèle au Nu couché, tableau qui a été vendu en décembre 2011 pour la somme de 7.03 millions d'euros (estimé à 2 700 000 euros).
Nicolas de Staël, Nu couché 1954
Nicolas de Staël, Nu debout 1953
[...]
Le 5 mars 1955, il se rend à Paris où il retrouve finalement l'inspiration. Il assiste à deux concerts au Théâtre Marigny,
il suit une conférence de Pierre Boulez, il rencontre des amis avec
lesquels il forme des projets et, de retour à Antibes, il peint ses
impressions musicales. Sur un châssis de 6 mètres de haut il entreprend Le Concert
et il trouve chez des amis violonistes des matériaux pour exécuter des
esquisses. La peinture provoque chez lui une extrême tension. Le malaise
de Nicolas est d'autant plus grand que Jeanne Mathieu se montre très
distante, et ne vient pas à leur dernier rendez-vous.
Le 16 mars, Staël se jette par la fenêtre de son atelier, après avoir tenté la veille d'ingurgiter des barbituriques."
Anne de Staël devant Le concert peint par son père, Nicolas, en 1955.
Photo Vincent Rossotti 2011
Il n'y a pas de peintre sans muse...
(mes chers amis - toujours en vie Dieu merci - à La Ruche, 1959)
(mes chers amis - toujours en vie Dieu merci - à La Ruche, 1959)