lundi 17 février 2014

Beg-Meil et Balbec : ces deux noms sonnent persans, comme un voyage en Orient (cf. Marcel proust)

 Les affiches de Chemins de Fer m'enchantent et me font rêver.


Affiche publicitaire vantant Beg Meil (1896)

Après des jours de pluie, de vent, de tempête, la clémence du ciel ce dimanche matin invitait à la promenade. Je me décidais pour le pays fouesnantais et Beg Meil où je n'étais pas allée depuis des lustres; j'en gardais le souvenir d'une station balnéaire assez chic. Ce n'était sans doute pas la meilleure saison pour y retourner mais l'air de la mer et la lumière me feraient du bien après ces jours sombres. Un petit coup d’œil sur mon écran avant de partir : qu'en dit-on sur la Toile?

"L'écrivain Marcel Proust y séjourna en 1895 et s'en inspira partiellement pour créer Balbec, la célèbre station balnéaire de la Recherche du temps perdu. Yves Guédon écrit en 1910 :

« De notre séjour au Grand Hôtel de Beg Meil nous avions rapporté le plus délicieux souvenir. Toute une colonie d'artistes illustres, à commencer par Sarah Bernhardt, François Coppée, Huguenet, l'homme volant qu'on appelle Latham, le poète Théodore Botrel, nos hommes d'état Briand et Viviani, d'autres encore, nous y avaient précédé. La plage de Beg Meil n'est pas étendue, mais elle est délicieusement assise, presque dissimulée, dans la Baie de Concarneau, abritée de tous les côtés par de grands arbres qui rendent les routes fraîches, à l'abri de la poussière. Après le bain, on peut s'y promener à l'aise et les amateurs de sport que l'été ne désarme pas, trouvent au Grand Hôtel, qui est un modèle du genre, le moyen de s'exercer au tennis, au football ; les enfants ont le trapèze et les pratiquants du canotage peuvent se livrer à leur exercice favori, sans crainte du vent et de la grosse mer. Reste encore la pêche, qui est fructueuse et sans danger.»"

"Proust rédige ici les premières pages de Jean Santeuil. On retrouve dans ce roman inachevé des description de Beg-Meil et des environs." (Source)

L'entrée dans la station est très cossue avec une allée centrale de palmiers majestueux, un seul remplirait ma terrasse! Je me dirige vers le centre : quelques restaurants, bars, crêperies sont ouverts, sans doute grâce aux vacances scolaires des parisiens. Je vais directement vers les plages et la pointe rocheuse. Le parking est plein, et quelques immatriculations annoncent des touristes. Ça souffle encore pas mal. Dans le sentier côtier on longe une forêt de pins dont quelques-uns fraîchement déracinés, probablement par la tempête Ulla. La plus terrible fut celle de 1987 (un ouragan) qui dévasta les dunes et aucuns des pins maritimes n'y résista.








De belles images plus ensoleillées, de Beg Meil ici.

De retour au parking, je repris ma balade sur le sentier côtier dans l'autre sens. Je m'arrêtai devant cette propriété dans un parc immense avec vue sur la grande plage. Le portail était ouvert, une fugitive pensée me traversa : certains "naissent avec une cuillère en argent dans la bouche"!





Ma promenade se termina sur ces gambettes colorées...


... j'aurais pu dire alors, comme R. Enthoven parlant de Socrate et de Théétète : "il n'est pas beau, ça arrive à des tas de gens très bien Paola."

J'avais envie d'aller prendre un thé pour me réchauffer, ça caillait tout de même, mais les cafés ouverts étaient dans le bourg. Je repris ma voiture et fis une halte à Sainte-marine où il est toujours agréable de siroter sur le port, la vue est admirable par n'importe quel temps! J'optai pour la crêperie, le Café de la Cale était fermé. Je testai la crêpe toute simple au beurre Bordier à la vanille de Madagascar, avec une bolée de cidre; tant pis pour le thé. Je m'attendais à un beurre fondu dans la crêpe. Que nenni, morceau de beurre dur comme du béton impossible à étaler sur la crêpe, je me demandai si ce morceau de beurre se mangeait tel quel (0_0), j'en coupai un morceau, le goûtai, du gras dans la bouche, même au-goût-de-vanille-de-Madagascar, écœurant :



Je mangeai ma crêpe en écartant le beurre-beurk! Pas du tout apprécié.



En allant régler l'addition, elle me demanda si j'avais aimé le beurre Bordier, je ne lui mens pas et je lui dis : pas du tout, il y en avait trop et je pensais qu'il serait fondu. Elle me répond : il nous est fourni dans cette dose individuelle. 
Pfff! Ce n'est pas une raison pour le servir dur et impossible à faire fondre. Manger du beurre à la petite cuillère (en argent ou pas) non merci. Ah mais! Cela dit, le beurre Bordier est très bon, nature, sur du pain, avec les fruits de mer mais l'excellence restera pour moi l'Echiré.

Au retour de ma balade, en reprenant la route j'écoutais la fin de l'émission Le Gai savoir et je riais encore en entendant cette autre phrase de Raphaël Enthoven, sur un ton désespéré :
"Le métier de professeur est très difficile Paola, car rares sont les bons élèves."
Émission passionnante que j'ai écoutée ce matin n'ayant entendu que des bribes hier : Socrate par lui-même.