"Évoluer, c'est céder à la fatalité"
Thomas Mann, Der Tod in Venedig
"Tu es vieux Gustav, et aucune impureté au monde
n'est aussi impure que la vieillesse."
(Captures d'écran - Cliquer pour agrandir)
J'avais dû le voir dans les années 70 et ne l'avais pas revu depuis. J'ai emprunté le DVD de Mort à Venise à la médiathèque et l'ai regardé hier soir. A vrai dire, je ne me souvenais que de la fin. Quel choc en le revoyant : esthétique, pathétique, magnifique. La veille j'avais regardé le "bonus" avec des interviews qui nous permettent de comprendre certains remaniements de Visconti par rapport au roman de Thomas Mann dont il s'est inspiré. Gustav von Aschenbach dans le roman de Mann est écrivain, Visconti en a fait un musicien. L'on sait que Thomas Mann est un écrivain féru de musique; alors qu'il séjourne à l'Hôtel des Bains au Lido, il apprend la mort de Gustav Mahler et c'est durant cette période qu'il écrira La Mort à Venise.
"Mais c'est aussi à Venise qu'est mort, en 1883, Richard Wagner à qui Mann dédie un essai durant la même période. Enfin, c'est sur la plage du Lido que Mann voit se réveiller son homosexualité latente devant la beauté d'un jeune noble polonais de quatorze ans."
"Benjamin Britten compose en 1973 un opéra intitulé Death in Venice. Les similitudes entre Visconti et Britten sont intéressantes. Tous deux ont une vision très musicale de l'œuvre de Thomas Mann, une musique forcément mélancolique, ce qui peut être rapproché du fait que le musicien, comme le cinéaste, tous deux homosexuels, déjà âgés, meurent la même année, en 1976, peu de temps après avoir créé leur œuvre, comme s'ils s'étaient eux aussi identifiés au héros de la nouvelle."
"L'influence dionysiaque est palpable dans l'œuvre de Mann. Le héros est pris d'une véritable fièvre dionysiaque, extasiante qui va le mener à sa perte. Il rappelle ainsi la proche parution de La naissance de la tragédie de Nietzsche, qui analyse les composantes dionysiaques de la tragédie, opposées à la part apollinienne de l'œuvre."
(Sources Wikipédia)
Cette œuvre que Mann désigne comme "une tragédie" est une réflexion sur la mort, l'amour, le mal, l'art et la culture.
Je ne me souviens pas lorsque j'ai vu ce film la première fois, avoir été troublée, enthousiasmée comme je l'ai été hier soir. Cette tragédie mise en scène par Luchino Visconti est exacerbée par les images, les décors, les personnages et bien sûr la musique de Mahler, l'adagietto de la 5e Symphonie qui rajoute à la ferveur, à la mélancolie de la tragédie.
Dirk Bogarde dans le rôle d'Aschenbach est admirable... comme toujours.