Après-midi à la médiathèque; je n’ai pas réussi cette fois à me passionner pour le Romain Gary que j’avais emprunté : Charge d’âme, pourtant tout ce que j’ai lu de lui m’a enthousiasmé; la fiction ne me passionne pas. Je n’ai pas non plus été transportée par les Lettres à Essenine de Jim Harrison. J’ai emprunté trois petits ouvrages, des Essais :
- Goethe et Tolstoï de Thomas Mann (150 pages)
- Mes ateliers de Paul Nizon (60 pages)
- De la bêtise de Robert Musil (50 pages)
- Lettres choisies de Nietzsche (330 pages + 100 pages de Notes)
Sur place j'ai consulté les magazines littéraires et me suis attardée sur celui ci, numéro de Novembre-Décembre 2012 :
Couverture : Walser au Säntis (Alpes suisses) le 1er juin 1942
© Keystone / Robert Walser-Striftung Bern
Un dossier sur Robert Walser lui est consacré et ne pouvait que m'intéresser. Merveilleux écrivain dont j'ai déjà parlé ici et là.
Titre du dossier - Le Shakespeare de la petite prose :
"Il comparait les Alpes suisses aux dentelles des petites culottes de dames, et ses petites proses à des danseuses. De la promenade, il fit un art de vivre en même temps que le modèle de la condition d’une écriture aussi labyrinthique que bouleversante. Traversée de l’œuvre et de la vie du génie singulier que fut Robert Walser (1878-1956)."
A vrai dire, mieux vaut se lancer tout de suite dans la lecture des ouvrages de Walser que dans celle de ce dossier, pour les lecteurs qui n'ont rien lu de cet auteur.
Une publication de sa correspondance vient de paraître : Lettres de 1897 à 1949.
« Dimanche dernier, j'ai fait une ravissante promenade à Laupen, et de manière générale, j'ai déjà fait assez bonne connaissance avec les charmants environs de Berne. Je n'ai pas grand-chose à vous raconter. Qui travaille ne vit pas grand-chose, justement. Si cela vous intéresse, je peux vous annoncer qu'il y a peu, j'ai perdu, tel un petit enfant, une belle incisive en parfait état. Je le déplore, bien sûr, et c'est en brèche-dent que je dois désormais aller mon chemin dans ce monde si beau. Un autre que moi le prendrait peut-être au tragique. »
Lettre à Frieda Mermet, 15 février 1921.
"Au fil des lettres, captivantes même lorsque Walser se contente d'y détailler ses journées, ses promenades, jusqu'aux menus de ses petits déjeuners, ses tracas ordinaires et ses bonheurs minuscules, se dessine un personnage complexe et passionnant. Un autoportrait de Robert Walser en homme fantasque, spontané, délicat, capricieux, enfantin dans ses enthousiasmes excessifs et ses épanchements sentimentaux, poignant de solitude, mais tout autant ironique, perspicace et lucide [...] "
Lire l'article de Nathalie Crom, Télérama.
Après lecture du dossier Walser, visite de l'exposition Claude Ponti ("pour les petits et pour les grands!").
Illustration de Claude Ponti. Crédit : Ecole des Loisirs
Je me suis bien amusée à regarder ces images. Petites merveilles qui laissent à penser que je suis encore une enfant. Quelques photos (qualité médiocre, flash dans le verre et, sans flash les couleurs étaient sous exposées) des dessins qui m'ont fait rêver, sourire... ou rire!
(Cliquer sur les images pour agrandir)
« Mes histoires sont comme des contes, toujours situées dans le merveilleux, elles parlent de la vie intérieure et des émotions de l'enfance, ainsi chaque enfant peut-il mettre ce qu'il veut dans les images : les personnages et les rêves qui sont les siens. »
Jeudi 29, Vendredi 30 novembre.
Golf sous un ciel clément et des températures revigorantes, 8°! Un seul green de fermé.
En soirée jeudi, vu à la télévision : The reader de Stephen Daldry sorti en 2008. D'après la critique de Jean-Luc Douin dans Le Monde : à éviter. Je n'ai pas lu le livre de Bernard Schlink, Le liseur dont est tiré le film et, pour ma part j'ai bien aimé. Je comprends aussi le malaise qu'il a suscité, je l'ai ressenti. Il n'empêche, je dis : à voir.
Samedi 1er décembre
Occupations sans intérêt. Bu un chocolat l'après-midi dans un bistrot où je pensais prendre le temps de lire la presse. J'étais coincée entre deux tables, - près du bar où le barman faisait la plonge des tasses et des soucoupes dans un fracas assourdissant et - sous les baffles de la sono qui dispensaient une musique tonitruante! J'ai avalé mon chocolat à toute vitesse et me suis échappée à l'air... libre dans une petite rue déserte où régnait un calme bienfaiteur.
Retour à la maison en contemplant les nuages dans le ciel et en pensant à Eugène Boudin! Mais oui, pourquoi pas!
Dimanche 2 décembre
Ciel gris et pluvieux. Un temps à faire de la cuisine l'après-midi : éplucher des carottes, les couper en rondelles, couper un oignon, le tout en écoutant Carmen et, en pensant à Nietzsche qui aimait cette oeuvre de Georges Bizet, dont il disait :
"Quel bien nous font ces après-midi dorées de bonheur ! Si nous contemplons l’horizon, vîmes-nous jamais la mer plus unie ? — Et comme la danse mauresque s’adresse à nous en nous apaisant ! Et comme sa mélancolie lascive enseigne la satisfaction à nos désirs toujours insatisfaits ! — Enfin l’amour, l’amour ramené à la nature ! Non pas l’amour d’une « noble jeune fille » ! Pas de sentimentalité à la Senta ! Mais l’amour comme fatum, comme fatalité, cynique, innocent, cruel, — et voilà justement la nature ! L’amour dont la guerre est le moyen, dont la haine mortelle des sexes est la base ! —
Je ne sais pas de circonstance où l’humour tragique, qui est l’essence de l’amour, s’exprime avec une semblable âpreté, trouve une formulation aussi terrible que dans le dernier cri de Don José, avec lequel l’ouvrage se clôt :
« Oui, c’est moi qui l’ai tuée,
Carmen, ma Carmen adorée ! »"