Gabrielle 7 ans.
- Toi, est-ce que tu aimerais bien mourir?
- Toi, est-ce que tu aimerais bien mourir?
Des fois oui des fois non.
Moi j'aime bien la vie, en fait j'adore la vie.
Des fois on doit mourir parce que son corps est trop fatigué de vivre, parce qu'on a pas assez à manger comme la petite fille aux allumettes et des fois... ça c'est rare... on a envie se suicider, on a envie de mourir.
Je pense qu'il y a plus de gens sur la terre qui ont envie de vivre plutôt que mourir.
Un jour quand ton corps il sera très très fatigué, et pour reposer ton corps ça suffira pas de dormir, alors il faudra mourir. Et t'as pas besoin te tuer, t'as pas besoin te suicider, ton corps y va s'arrêter de vivre tout seul.
[...] Mes rêves... c'est d'être scientifique ou de partir sur la lune ou d'être chef d'orchestre ou des choses comme ça.
Pour moi entendre de la musique ça fait du bien à mon corps. La musique ben c'est un peu comme la vie et moi j'aime beaucoup la musique.; mon coeur y ressent un peu comme s'il était déjà mort et qu'il est en train de revivre. Mais de toute façon ben il est pas prêt de mourir... mon coeur... parce que j'ai que 7 ans et que je connais pas de gens qui sont morts à 7 ans.
En fait je sais pas trop quand je vais mourir. Mais personne ne sait pas trop quand il va mourir en fait. Quand tu meurs c'est un peu comme quelqu'un qui avait un couteau et qu'il plantait dans ton coeur. Et... c'est comme ça que je ressens la mort."
Gabrielle (que l'on peut entendre à partir de la 14e minute dans le reportage).
En fait je sais pas trop quand je vais mourir. Mais personne ne sait pas trop quand il va mourir en fait. Quand tu meurs c'est un peu comme quelqu'un qui avait un couteau et qu'il plantait dans ton coeur. Et... c'est comme ça que je ressens la mort."
Gabrielle (que l'on peut entendre à partir de la 14e minute dans le reportage).
Elise Andrieu © DR
Un très joli moment à écouter sur France Culture avec Gabrielle, cette petite fille de 7 ans qui, déjà, fait de la philosophie sans le savoir sur la vie, la mort, le suicide, avec une lucidité, une spontanéité étonnantes et avec générosité. Le reportage se passe dans des écoles Montessori (La Baleine et L'Horizon).*
"Ils ont entre 5 et 9 ans, ont entendu le conte d'Andersen, La petite marchande d'allumettes et expliquent à leur manière ce que veut dire pour eux la pauvreté, l'indifférence et la mort, mais aussi l'espoir, la chaleur et le rêve."
* "Selon Maria Montessori, chaque enfant est unique. Il a sa personnalité propre, son rythme de vie, ses qualités et ses difficultés éventuelles. Les enfants traversent tous des « périodes sensibles (en) » :
Il s'agit de sensibilités spéciales en voie d'évolution, des moments de la vie de l'enfant où celui-ci est tout entier « absorbé » par une sensibilité particulière à un élément précis de l'ambiance.
Ce sont des périodes passagères, transitoires ; elles se limitent à l'acquisition d'un caractère déterminé ; une fois le caractère développé, la « sensibilité » cesse. Il est donc primordial que l'ambiance (l'environnement) offre au bon moment à l'enfant les moyens de se développer en utilisant ces périodes sensibles."
Cela m'a ramenée à mes jeunes années professionnelles avant lesquelles j'effectuais un stage dans un Jardin d'enfants Montessori à Meudon. J'ai pu ensuite mettre en pratique cette merveilleuse pédagogie dans une école près de la Sorbonne. Je n'ai "enseigné" que quatre ans et la vie m'a fait ensuite prendre d'autres voies...