mardi 29 novembre 2011

L'Art d'Aimer


On le compare parfois à Eric Rohmer.
J’ai vu le dernier film de Emmanuel Mouret. Non, ce n’est pas du Rohmer mais on peut dire c’est du Mouret et c’est absolument délicieux :

"Cupidon du cinéma, il décoche, en guise de flèches, des comédies sentimentales piquantes (Fais-moi plaisir, 2009 ; Un baiser s'il vous plaît, 2007). Mais, cette fois, Emmanuel Mouret se pose en véritable expert de l'amour, pratiquement en sexologue. Reprenant une tradition de la comédie, le film à sketchs, il en fait une sorte d'étude de cas à sa façon.
Dès l'ouverture de L'Art d'Aimer nous est exposé le phénomène de la musique du cœur, celle qu'on entend lorsqu'on tombe amoureux. Plus tard, on découvrira que nos pulsions se libèrent dans le noir, à travers l'histoire d'une jeune femme qui avait arrêté de faire l'amour depuis un an. Autre cas d'école, cette femme mariée, fraîche quinquagénaire, qui se découvre un appétit de mangeuse d'hommes. Voici une blonde, mariée également, qui veut tout donner sauf son corps, et une brune qui veut bien donner son corps, par gentillesse, mais en avertissant son mari.
Emmanuel Mouret papillonne d'un personnage l'autre, comme au fil d'une nouvelle carte du Tendre. Si on ne pense qu'à « ça » dans L'Art d'Aimer, chaque scène est filmée avec l'élégance d'une miniature, d'une gravure ancienne. Et si on ne parle que de « ça », il apparaît que les liaisons sont ici finalement beaucoup plus chastes que dangereuses, la seule véritable étreinte pulsionnelle ayant lieu derrière une cloison (et dans le noir, forcément) et la seule incartade conjugale... en rêve. Le film croise folies du corps et sagesse de l'esprit comme folies de l'esprit et sagesse du corps, réussissant à être presque aussi puritain que libertin, ou l'inverse. Emmanuel Mouret, ses acteurs et surtout ses actrices, de Judith Godrèche à Ariane Ascaride, semblent avoir tourné L'Art d'Aimer avec, aux lèvres, un constant sourire. Discret, subtil. Et très communicatif."
Télérama


"Sois d'abord bien persuadé qu'il n'est point de femmes qu'on ne puisse vaincre, et tu seras vainqueur : tends seulement tes filets. Le printemps cessera d'entendre le chant des oiseaux, l'été celui de la cigale; le lièvre chassera devant lui le chien du Ménale, avant qu'une femme résiste aux tendres sollicitations d'un jeune amant. Celle que tu croiras peut-être ne pas vouloir se rendre le voudra secrètement. L'amour furtif n'a pas moins d'attraits pour les femmes que pour nous. L'homme sait mal déguiser, et la femme dissimule mieux ses désirs. Si les hommes s'entendaient pour ne plus faire les premières avances, bientôt nous verrions à nos pieds les femmes vaincues et suppliantes. Dans les molles prairies, la génisse mugit d'amour pour le taureau; la cavale hennit à l'approche de l'étalon. Chez nous, l'amour a plus de retenue, et la passion est moins furieuse. Le feu qui nous brûle ne s'écarte jamais des lois de la nature."

Ovide, L’Art d’aimer.