samedi 26 novembre 2011

De, l'ordinaire

Chaque jour les mêmes gestes, les mêmes instants, les mêmes vides, les mêmes silences, les mêmes radios, les mêmes occupations, ce quotidien fait de petites choses très ordinaires. En prenant mon petit café de onze heures, assise dans mon canapé, comme chaque matin le regard un peu vague vers la fenêtre, je me disais : si quelqu'un filmait ma vie (ce serait un film muet) que ressentirait le spectateur : Peur? Stupeur? Envie? Pitié? Tout cela sans doute... que je ressens moi-même.  J'étais là dans ces réflexions sur mon quotidien et l'ordinaire de ma vie, influencée par les émissions écoutées cette semaine dans les NCC, dont le thème était :
L'inquiétante étrangeté de l'ordinaire et plus précisément, dans la première émission, il était question du langage ordinaire.

"Comment expliquer le fait que les hommes soient d’abord séduits par ce qui sort du commun, le singulier, l’inattendu, l’extraordinaire. Ils rêvent de grandiose, de sublime, d’originalité. Ils admirent les supers héros, vénèrent les grands hommes, se cherchent un Dieu. Ce qu’ils nomment divertissement se résume bien souvent à une quête d’expériences qui les délivrent de leur condition d’ordinaire, d’être humain. Blaise Pascal voit dans le divertissement une façon de se détourner de la mort. Mais se divertir est aussi un moyen de donner un sens à l’existence, une raison de continuer jour après jour à faire quelque chose de sa vie. Or, si c’est cela qui est en jeu, si ce que cherche l’homme par-dessus tout, c’est d’accepter sa condition d’être humain, de se réconcilier avec l’existence au quotidien ; alors la meilleure voie à explorer n’est-elle pas, en lieu et place du fantasme de l’extraordinaire, la réconciliation avec l’ordinaire ?"

"L'ordinaire, ou cette partie de notre vie que nous connaissons si peu, cette dimension de nous-mêmes qui ne nous intéresse pas, or quand on s’y arrête, quand on prend le temps d’y réfléchir, on comprend que l’ordinaire est loin d’être connu et familier, précisément parce que l’on n’y pense pas, nous est inconnu, étranger, inquiétant même. »

Le texte ci-dessous, lu au cours de l'émission de lundi dernier, correspondait étrangement à mes interrogations, récurrentes :

"Il ne saurait y avoir rien de plus merveilleux que de voir un homme dans l’une quelconque de ses activités quotidiennes les plus simples lorsqu’il croit ne pas être observé.
Imaginons un théâtre : le rideau se lèverait et on verrait un homme, seul dans sa chambre, allant et venant, allumant une cigarette, s’asseyant etc. de telle sorte que nous verrions soudainement un homme, du dehors, comme nous ne pouvons jamais nous voir nous-mêmes. C’est à peu près comme si nous voyions de nos yeux un chapitre d’une biographie, cela devrait être à la fois effrayant et magnifique, plus magnifique que tout ce qu’un poète peut faire jouer ou faire dire sur la scène, c’est la vie même que nous verrions.
Mais c’est ce que nous voyons tous les jours et cela ne nous fait pas la moindre impression."


Photos du jour.