vendredi 1 avril 2016

Se souvient-on d'un nuage?


Gustav Klimt, Le Baiser
Huile sur toile recouverte de feuilles d'or, 1908-1909

"Le baiser frappe comme la foudre, l’amour passe comme un orage, puis la vie, de nouveau, se calme comme le ciel, et recommence ainsi qu’avant. Se souvient-on d’un nuage ?."

Guy de Maupassant, Pierre et Jean


Reçu cette semaine une invitation. Elle m'a fait sourire; il faut dire qu'en ce moment - disons depuis quelques semaines - mon regard sur les choses, les êtres est carrément obsédé : je transforme tout en amour, baiser et autres voluptés. Cette obsession ne m'est pas du tout bénéfique mais au contraire, me plombe dans ma réalité : vieillesse et solitude! Deux concepts, miens, qui sont désormais définitifs de ma finitude si j'ose le dire (mal) ainsi. Néanmoins, en recevant cette invitation, j'ai franchement ri et je me suis dit : décidément, ça me poursuit. Mon sort est aujourd'hui celui de la théorie plus que de la pratique. J'en ai pris conscience (et l'ai - difficilement - accepté) depuis quelques années : en vieillissant, théorise puisque tu ne pratiqueras plus. Pfff!




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Le titre de l'exposition : La théorie des baisers. Foin de théorie, restons malgré tout dans la pratique... imaginaire. *Sourire*. Et cette 23e marche au 1er étage doit être vertigineuse;-).
Sur la photo de l'invitation : Dan Negoescu (?) sculptant une réplique du Baiser* de Rodin.

* "Son "grand bibelot" comme l'appelait Rodin, en réplique à l'audacieux Balzac." (Je l'ai dans ma salle de bain (oups!) et, pour le coup, c'est vraiment un bibelot, une reproduction de pacotille achetée en sortant du musée Rodin).

Dommage que Auvers-sur-Oise soit si loin... Olivier Verley fait de magnifiques photos... comme celle-ci, au cimetière d'Auvers-sur-Oise : Les 2 frères (Théo et Vincent Van Gogh).

"Tout ce qu'il y avait dans ton regard, dans tes paroles, dans le son de ta voix, dans tes baisers, dans tes caresses, les anges seuls pourraient le redire. Quand tu m'as quitté, j'étais enivré ; je t'ai suivie des yeux, sans sortir de la chambre, à travers les rues et les murailles ; il me semblait que je te voyais comme une forme lumineuse et heureuse. Il me restait quelque chose, en effet, de l'éblouissement de ta présence. Peu à peu cependant, ce beau soleil de joie s'est éteint dans mon cœur, j'ai regardé autour de moi, et je suis redevenu triste ; – tu n'étais plus là."

Victor Hugo, Lettre à Léonie d'Aunet.