lundi 25 avril 2016

Cours magistral : Séance d'hypnotisme sans magnétiseur*

* Définition de Georges Elgozy dans L'esprit des mots ou l'antidictionnaire.

Conférence (suite)!



Cette conférence  sur l'histoire de ces deux villes ne fut qu'une lecture par le conférencier, sans anecdotes, sans photos interactives sur l'écran. C'était monotone, ardu, ennuyeux et cela a duré plus de deux heures. Pour ne pas m'endormir, au  bout de trente minutes, j'écrivais dans mon carnet mes impressions, du n'importe quoi j'en conviens, captant quelques bribes de mots. Nous partions du XIe siècle.

.  Le Léon et la Cornouaille : les riches dans le Pays du Léon (Brest), les pauvres en celui de Cornouaille (Quimper)...
.  Les Osismes (peuple gaulois)...
.  Les Voies Romaines...
.  Locmaria (Quimper) s'appelait Aquitonia...
. Brest  : Bristocus (mais les avis divergent) au Ve siècle, puis Brest-sur-Chevrette au XIe...
. La capitale était Carhaix  : Vorganium (Rennes : Vorgium)...
Puis nous passions du XIe au XIIIe siècle, dans un cours magistral. Mais nous n'étions pas dans un amphithéâtre. Nous avons tout de même eu le droit à une carte des Voies Romaines en Bretagne, sur l'écran, ainsi qu'un plan de Brest et de Quimper.
. Il faudra 250 ans pour construire la cathédrale de Quimper commencée au XIIIe siècle....
Précisons, je ne notais que des bribes de mots; les notes du conférencier (qu'il lisait d'une voix monotone) étaient très détaillées. Là, nous arrivions à la fin du XVe siècle et en étions à cinquante minutes d'historique. Je sentais déjà ma tête dodeliner. Réagissons rapidement avant de piquer du nez.
. Anne de Bretagne...
. Penmarc'h : fut le plus grand port d'armement d'Europe au XVIe siècle (ça valait le coup de le noter (0_0)).
. XVIIe. Richelieu va faire de Brest un port important.
A la fin de cette première heure mon cerveau n'enregistre plus rien. Le ton est toujours aussi monocorde et rien pour redynamiser le peuple d'auditeurs (peu nombreux).

Au milieu du XVIIIe je tente tout de même de sortir la tête de l'eau pour rentrer dans le sujet et me fixer sur le conférencier. 
(Je lis aujourd'hui la définition de "conférence" : " Au XXe siècle, les conférenciers sont passés du tableau noir, aux diapositives, rétroprojecteur, puis vidéoprojecteur et logiciels spécialisés (ici conférence sur la privatisation des savoirs). Depuis la fin des années 1990, une conférence peut facilement faire intervenir des personnes séparées dans l'espace et dans le temps grâce au téléphone (téléconférence), des enregistrements vidéo ou la visiophonie (visioconférence) ou directement sur Internet via des outils de travail collaboratif).") Ben oui, c'est bien ce que je pensais! Et, même pas de tableau noir pour notre conférencier.

Je regardais la lumière de la pièce  qui soudain sortait de l'ombre, le soleil projetant ses rais ((0_0) je poétise) par la fenêtre en éclairant quelques têtes plus ou moins chevelues. Cette percée fulgurante du soleil me donnait sérieusement envie de me carapater (j'argotise;-)) et d'aller manger une crêpe sucrée Place au Beurre (il était 20 heures). Vlatypa que nous venions d'entrer aussi dans le Siècle des Lumières. Coïncidence!  au moment où le soleil fit son apparition dans notre salle obscure.


Nous étions revenus (ou retournés) à Brest :
. La Penfeld :  Rive droite, Recouvrance, "quartier des ouvrier, des pauvres". Rive gauche, les riches, les bourgeois. La ville de Brest se situe à gauche (je parle du fleuve) d'où le terme de Brest-même pour signifier que l'on habite de ce côté-là. Hum! et avec l'accent, gast! (Je peux plaisanter, j'y suis née...).

La femme devant moi avait enlevé sa veste au début de la conférence et l'avait posée sur ses genoux; elle la remonte maintenant comme une couverture, jusqu'au menton (le Siècle des Lumières ne remplace pas un radiateur). Mes deux voisines de droite semblent s'ennuyer autant, sinon plus que moi (qui m'amuse un peu en prenant ces notes) : l'une baille et l'autre fouille dans son sac en faisant du bruit, puis elle se lève et va prendre une brochure qu'elle se met à lire! Son amie ouvre son journal et ne fait même plus semblant d'écouter le conférencier. L'impatience est perceptible dans la salle. J'entends encore :
. Quimper est touchée par le Siècle des Lumières...
Les auditeurs des deux premiers rangs (j'étais au dernier, avec les ânes et mes deux voisines, mais près de la fenêtre) étaient imperturbables mais je sentais une faible agitation quand on entama le XIXe siècle. Le XXe approchait, tout le monde se réveillait, après deux heures d'écoute.
. La Bataille des Cardinaux  (je relevais la tête, hé hé!), 1759.

 Bataille des Cardinaux (en) Battle of Quiberon Bay


La Bataille de la baie de Quiberon, Nicholas Pocock, 1812. 
National Maritime Museum

Puis on passa à la construction du
. Bagne de Brest (cf. Vidocq). De belle architecture (aujourd'hui disparu) il fut surnommé le "Versailles des bagnes". (Rajout personnel, en faisant mes recherches sur Wikipédia, tout cela commence à vraiment m'intéresser. J'ai le temps de m'attarder et de plus, j'ai des images).
 
Enfin, on arrive à la Révolution, youpi! J'ai mal au popotin sur ma chaise aussi peu rembourrée que icelui.
. Blancs/Bleus, rivalités des officiers.
A ces mots je me redresse vivement en pensant à l'injonction souvent prononcée de mon père : "tiens-toi droite si tu veux te marier avec un officier [de la marine]". Mais en vérité, je m'affessais
"La baisse de la vitalité se répercute dans la spiritualité. Une saignée, une ps., un éreintement affaissent l'âme aussi bien que le corps, elles affectent dynamiquement tout l'homme, dont la force s'écoule comme le gaz d'un aérostat. − Le ressort, l'élasticité, l'entrain sont donc le signe d'un superflu de vitalité, la fleur de la santé joyeuse, ... " H.-F. Amiel, Journal intime,25 janv. 1866, p. 96.

Une dame enfilait sa veste, signifiant ainsi son désir d'être arrivée au terme de cette conférence. J'espérais que quelqu’un donne le La en quittant discrètement la salle  pour la suivre. Il était temps de quitter le port, de larguer les amarres.

Oh! le conférencier vient de regarder sa montre et son débit s'accélère subitement. Le règne de Napoléon va vite être expédié, je le sens :
. Construction de l'abattoir à Quimper (0_0), très intéressant ce que je lis.
Pas besoin d'aller à l'abattoir, je suis laminée : mal au dos, aux fesses et début de migraine.
Je n'ai également écouté que d'une oreille distraite l'histoire des évêques de Quimper et des Diocèses bretons, pourtant capitale.

J'élague, c'est la fin, pas de questions dans la salle.  Même plus envie d'aller manger une crêpe, c'est vendredi soir il y a du monde dehors, sur les terrasses devant la cathédrale, tellement belle. Des pigeons près des Halles font la Java et picorent des miettes de gâteaux secs.



Cette conférence m'aura finalement donné l'envie d'en savoir plus, de faire quelques recherches, des lectures via le Net, ce qui est positif. Faire l'Historique de ces deux villes : Brest et Quimper en deux heures et quart est finalement un exploit, c'est tellement condensé, riche qu'il faudrait y revenir siècle par siècle, un travail de thésard?!?

Complément d'informations sur Wikipédia pour l'Historique de Brest et de Quimper! Ce drapeau de Brest (rajout personnel, on n'en a pas parlé) au XVe (superbe) a peut-être inspiré  Mondrian voire  Malevitch ?