dimanche 10 février 2013

La saveur et le savoir

Le Gai Savoir.

Sujet du jour :

Noces d’Albert Camus.

« Ici même, je sais que jamais je ne m’approcherai assez du monde. Il me faut être nu et puis plonger dans la mer, encore tout parfumé des essences de la terre, laver celles-ci dans celle-là, et nouer sur ma peau l’étreinte pour laquelle soupirent lèvres à lèvres depuis si longtemps la terre et la mer. »
Albert Camus, in Noces.

"Noces est le plus beau texte de Camus, le plus léger, le plus dense, le plus chatoyant et le plus profond. Faut-il que cet homme ait du génie pour avoir commencé son oeuvre par un texte qui en est aussi le dernier mot ! Faut-il adorer la vie pour mêler à ce point la saveur et le savoir... Mais est-ce en nous le sage ou l’adolescent qui aime tant ces textes et leurs sanglots de soleil ? C’est indécidable, et quelle importance?
[...]L’amour est « difficultueux », l’amour ne va pas de soi, l’amour n’est pas un don du ciel, l’amour est un don de la terre, c’est un don difficile, c’est un apprentissage, ça passe par le silence, il faut aimer sa mère qui ne nous parle pas, il faut aimer le monde qui ne nous dit rien, il faut aimer les hommes dont l’existence pourtant peut être aisément sacrifiée au bien-être de mon égoïsme. L’amour c’est un effort mais c’est un effort qui culmine dans un oubli de soi, où l’on retrouve la gloire c’est-à-dire le droit d’aimer sans mesure."

Dixit Raphaël Enthoven.


Soixante minutes de soleil dans un dimanche au silence assourdissant.