vendredi 8 février 2013

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Mes nuits sont remplies de rêves dont je me souviens chaque matin. Je me les remémore tellement bien que je me demande si ce sont des rêves. Pourtant je sais que tu es mort papa, depuis si longtemps. Pourquoi es-tu venu me voir cette nuit? Cette fois je n'ai pas crié, je n'ai pas eu peur, je ne me suis pas réveillée en hurlant. C'était un doux rêve, tendre. Tu portais une barbe grise (tu n'as jamais eu de barbe), tu t'es assis dans mon canapé, je me suis assise près de toi, j'ai posé un baiser sur ton front (il était froid), tu as posé ta tête sur mon épaule, tu as fermé les yeux, tu es devenu tout blanc (comme quand tu avais la migraine), cadavérique, tu reposais contre moi... Puis je me suis aperçue que tu étais mort. C'était étrange, pas triste. Cette fois j'étais près de toi, j'avais pu t'embrasser avant que tu meures. La première fois que tu es mort, j'étais loin, je ne t'ai vu que dans la boîte.

Mes rêves m'épuisent.


Picasso, Le rêve 1932