De, l'amitié...
" [...] Gérard est la démesure même. Gérard déteste les frontières, les limites, les interdits. Il suffit qu'on prétende lui défendre de faire telle ou telle chose pour qu'il en ait une envie irrésistible. Gérard est mille personnes. Il est tous les rôles qu'il a tenus, dont il garde la vie en lui. Et tous ceux qu'il tiendra. Il est toutes les vies qu'il a eues. Et qu'il a encore. Parce que, faute de pouvoir vivre mille vies successives, il les vit simultanément.
[...] Et si son histoire fascine tant, si on en parle dans tous les médias du monde, c'est que Gérard Depardieu est bien plus que lui-même. Il est le nom qu'on donne aujourd'hui au mal-être français. Et même, plus largement, à celui de la condition humaine.
[...] Gérard Depardieu est donc aussi le nom qu'on peut donner à la tragédie de l'être humain, incapable d'échapper à son enveloppe charnelle. Et qui, malgré tous ses subterfuges, malgré le divertissement de soi et des autres, sait qu'il reste mortel. Comme presque tous ceux qui ont cette lucidité-là, Gérard se déteste de se savoir mortel. Et il accélère ce qu'il redoute, pour ne pas avoir à l'attendre.
C'est cela qu'il faut le plus apprendre de Gérard Depardieu. Et c'est de cela qu'il faut le plus se méfier : que la fascination d'un peuple pour un homme, qui le représente si bien, ne le pousse pas à s'autodétruire."