vendredi 18 janvier 2013

Journal

Une page par jour, je n'ai jamais réussi à m'y tenir en commençant ou recommençant un Journal. Mon quotidien ne m'apporte pas la semence nécessaire  pour le nourrir.
Il y a des jours sans et des jours avec.
Cette semaine j'ai écouté en podcast les émissions, Hors-champs de Laure Adler avec Philippe Sollers. Chaque jour 45 minutes jouissives : Sollers et ses femmes. J'ai compris beaucoup de choses en les écoutant, lui et L. Adler, parler de son écriture. J'ai compris pourquoi je n'ai jamais vraiment réussi à lire ses romans et ces entretiens m'ont donné l'envie d'une nouvelle tentative avec Portraits de femmes.
Je ris - et même parfois aux éclats, comme ici, à la minute 04, il parle de DSK et il imite un pigeon! - quand j'écoute Philippe Sollers. Un vrai bain de jouvence. Sollers, solaire, c'est du soleil dans mes oreilles.

"Ce que je veux dire est très simple. Une femme est faite ou non pour vous confronter à la vérité physique, à son abîme, à son sillage, à ses éclosions. Le corps libre et antisocial de « Guegna » acceptait le mien, c’est rare. L’une veut vous sortir vous faire voyager, une autre veut vous épouser, une troisième espère un enfant, une quatrième veut vous utiliser dans le marché d’animations culturelles et je ne parle pas de toutes celles qui veulent absolument écrire : trois romans dix recueils de poèmes, idéalisation, préciosité, romantisation. Celle-là au contraire a envie de moins s’ennuyer, aime la poésie vécue, les caresses le repos le sommeil les fleurs l’océan les arbres, les autres s’agitent, elle nage. En tant qu’homme vous avez gagné si, en plus de l’autorité souple qu’elle vous reconnaît, vous la faites rire et si vous devenez son frère, son partenaire de jeu et subrepticement, son enfant. Faites-vous aimer comme un enfant, espèce d’hommes, de là viennent parfois des liens indéfectibles."

Philippe Sollers, in Portraits de femmes, éditions Flammarion.

Des jours et des jours de pluie, pas une éclaircie dans le ciel gris. Trop d'heures devant cet écran, mon dos et mes articulations réclament des vacances. Bouger, je dois bouger pour dérouiller la bête. Repris des séances de piscine à la thalasso; quand je rentre dans l'eau (de mer) chaude mon corps se détend, sur le dos je ferme les yeux... si je pouvais mourir comme ça... en retrouvant la douceur du ventre de ma mère...

Hier après-midi, cinéma. Je n'irai plus au cinéma en semaine l'après-midi! Je voulais tester les nouvelles salles inaugurées à Noël; un complexe de huit salles avec tout ce que ce mot - affreux - "complexe" engendre... de commercial (complexe hôtelier, centre commercial et aujourd'hui des cinévilles) : halls immenses, des boissons et friandises dans des présentoirs, un petit coin salon avec des fauteuils, des tables hautes et tabourets de bar; avec un peu d'imagination je pouvais voir un tableau de Edward Hopper à travers ce décor. Dans la salle, de l'espace, des fauteuils confortables. Peu de monde, quelques retraité(e)s, comme moi. Tsss! Je m'installe et un couple (de retraités) se pointe à côté de moi. Mais bon sang, il y a de la place ailleurs; nous devons être une dizaine dans la salle immense. Après quelques publicités et bandes annonces des prochains films, la lumière s'éteint, le film commence : Alceste à bicyclette. Dès les premières images, la femme - à deux fauteuils du mien - rit, bêtement, elle glousse, même dans des situations où il n'y a pas lieu de rire; puis tous les deux se mettent à commenter, même pas à voix basse. C'est insupportable. Je tiens le coup dix minutes et je change de place, dans le noir. Je descends deux marches, me tords le pied (quelle c...loche) et je m'assois en bout d'une rangée où il n'y a personne. Mais c'est pas vrai! les deux femmes qui sont derrière moi commentent aussi et l'une dit carrément tout haut : "oh là là, le désordre" quand Luchini (Serge) montre sa chambre à Wilson (Gauthier). Je me demande ce qu'elle va comprendre à ce film. Bon, respirons un bon coup, restons zen, terminées les séances de ciné l'après-midi avec les vieux (même si j'en suis). Ô mon Champo tu me manques.
J'ai cependant réussi à me concentrer sur Alceste et Philinte. J'appréhende maintenant d'aller voir Luchini au cinéma, tellement il devient excessif à la télévision; je l'aimais tant et voilà qu'il m'agace. Je crains donc qu'il en fasse des tonnes dans les films. Eh bien non! Dans la maison il était épatant et dans Alceste à bicyclette aussi. Lambert Wilson l'est également. Et puis, il y a cette ravissante Italienne, Maya Sansa (Francesca) ; une voix, un sourire, un regard, une profondeur tout en sensibilité.
Ne lisez pas les mauvaises critiques de Télérama  ni des Inrocks, celle du Monde retranscrit ce que j'ai ressenti :  "Philippe Le Guay a écrit un film qui commence comme un pastiche pour s'épanouir ensuite en une comédie amère d'une discrète virtuosité." D'ailleurs, les critiques ne servent à rien. On va voir si on a envie... ou pas.