JOURNAL
Lundi.
En consultation : nous ne plaisantons plus. Il a l'air débordé. C'est plutôt moi maintenant qui prends le sujet au sérieux. Lui ai parlé du Professeur C. Il m'a regardé avec étonnement.
- Vous en avez entendu parler? me dit-il.
- Oui, dans une émission qui traitait du sujet, à fond.
- Vous en avez entendu parler? me dit-il.
- Oui, dans une émission qui traitait du sujet, à fond.
J'ai eu l'impression à ce moment-là qu'il m'écoutait plus sérieusement. Merci France Culture!
Mardi.
Longue coupure de courant l'après-midi. Lecture, L'Institut Benjamenta de Robert Walser :
«Nous apprenons très peu ici, on manque de personnel enseignant, et nous
autres, garçons de l'Institut Benjamenta, nous n'arriverons à rien,
c'est-à-dire que nous serons plus tard des gens très humbles et
subalternes.»
A 17 heures courant rétabli; je décide d'aller à la médiathèque pour voir la projection prévue à 18 heures : Lettres d’amour en Somalie de F. Mitterrand. Sur place une affiche : "fermeture exceptionnelle, coupure de courant, panne informatique." Zut!
Mercredi.
Rien ou presque-rien. Joué au golf, croisé quelques personnes à qui j'ai accordé un sourire, sans retour. Étrange et minable suffisance. Je m'en fous. Terrain gras.
Soirée : vu beau reportage sur la Savoie et Haute-Savoie. Paysages grandioses. Si j'avais eu des ailes je m'y serais transportée sur le champ.
Jeudi.
Prévisions météo : soleil et averses aujourd'hui, pluie et vent demain. Donc, golf de bonne heure. Au départ du 1, un joueur me demande s'il peut m'accompagner. Bienvenu! Nous avons pu faire 8 trous sans averses. Pluie au départ du 9. Mon partenaire perd sa balle. Je la cherche avec lui sous la pluie. Nous avons cinq minutes pour la retrouver (temps autorisé par le règlement). Il s'obstine, je l'abandonne au bout des cinq minutes, le laissant sous son parapluie (je n'en ai pas) chercher sa balle. Il comprend. A bientôt me dit-il. Je ne termine pas le trou, je suis trempée. Youpi!
Soirée télé : réjouissant le "je me fous de tout" de Clément Rosset invité de La Grande Librairie pour parler de son essai Faits divers.
Soirée télé : réjouissant le "je me fous de tout" de Clément Rosset invité de La Grande Librairie pour parler de son essai Faits divers.
"Ce qui se passe dans le monde? L'actualité ne m'intéresse pas, les médias me navrent. Je me fous de tout."
En fait, c'est François Busnel qui lance cette formule : "dit de manière plus brutale : Clément Rosset, vous vous foutez de tout!". Clément Rosset ne dément pas et explicite son indifférence à l'actualité du monde et de la société avec des arguments qui fâchent Robert Mizrahi, également présent sur le plateau.
Un bon moment. Clément Rosset avale la moitié des mots, il faut tendre l'oreille pour ne rien perdre de ce qu'il dit, je pense qu'il vaut mieux le lire.
"Gilles Deleuze, les vampires, Emil Cioran, Samuel Beckett, le dandysme,
Friedrich Nietzsche, Raymond Roussel, Casanova, Arthur Schopenhauer,
Jean-Luc Godard, Goscinny & Uderzo, Jean-Paul Sartre, Hugo von
Hofmannsthal. Le réel, le double, l’illusion, le tragique, la joie, la
musique, la philosophie, la politique, le péché, l’enseignement. Faits
divers sont les miscellanées de Clément Rosset : le répertoire
désordonné et jubilatoire de ses passions et de ses dégoûts, de ses
intérêts et de ses bâillements, de ses tocades et de ses coups de sang –
ainsi que de la prodigieuse liberté de ton et de pensée avec laquelle
il les exprime et les pense."
Au lit avec Walser.
Je m'en veux ce soir. Je ne devrais pas répondre si vite à mes mails, surtout quand j'accorde de l'importance au destinataire. Je suis trop impulsive et pas assez indifférente aux choses, aux êtres; à l'actualité oui. Mais donc je ne me fous pas de tout.
Vendredi.
Pluie. Ne pas rester enfermée. Écouter les NCC, toute la semaine fut intéressante; des débats enregistrés le samedi 25 janvier 2014 en public depuis le grand amphithéâtre de la Sorbonne sur le thème de : L'année 2013 vue par la philosophie. Et ce matin... rrrrroulements de tambour : Suicide assisté, la loi peut-elle s'affranchir de la morale? Sujet d'actualité dont je ne me fous pas. Quoi que... je commence à trouver ces débats de plus en plus confus et je crains qu'ils ne mettent pas plus de lumière dans nos lanternes, dans la mienne en tout cas. Mais pas besoin d'augmenter les watts chez moi, je sais ce que je souhaite et je fais partie des 2%!!! oui seulement 2% de la population française qui a écrit ses directives anticipées et nommé une personne de confiance "okazou"! alors que - paraît-il - 92% des Français sont favorables à l'euthanasie. Encore un paradoxe Français? Hum! Bon, on en parle, c'est mieux que d'occulter le sujet, on avance, à pas comptés.
Fin de l'émission.
Midi approche mais pas mon heure (l'ultime, pas tout de suite), j'ai faim. Il fait trop gris pour rester chez soi. Petit restau pour observer les travailleurs (ceux qui ne déjeunent pas dans leur bureau). Je tente le Steinway, on en parle, je n'y suis jamais allée. 12 h 45, je pousse la porte, plusieurs tables de libres, un petit moustachu vient vers moi, je lui demande en souriant si je peux déjeuner, eh bien non! Vous êtes seule? Oui mon capitaine! Pas possible j'ai des réservations. Je n'ai vu aucun carton sur les tables. Je m'en fous, je pars, je ne retournerai jamais dans cet endroit. Je voulais innover, là il pleut des hallebardes, je vais aller au Petit Gaveau, c'est à deux pas (un Gaveau c'est bien plus sympa qu'un Steinway. Tsss!). La patronne m'accueille avec le sourire, le restau est plein, chaude ambiance, elle me trouve une table bien placée au milieu de la foule. Mon plat est succulent, le pain ô le pain, d'habitude je n'en mange pas mais là j'ai fini la sauce de mes médaillons de lotte avec le pain, piqué dans ma fourchette, je sais me tenir; mon verre de vin se laisse déguster, ainsi que le macaron offert avec le café, je devrais venir plus souvent ici. A côté de moi un jeune couple avec une petite fille dans sa poussette; il n'y a pas que des travailleurs. La bambina joue à cache-cache avec moi, s'enfonçant dans sa poussette jusqu'à disparaître de ma vue et se redressant vivement en me souriant. Je ne l'ai pas laissé jouer seule; j'ai fait pareil, avec ma serviette. Non mais!
Midi approche mais pas mon heure (l'ultime, pas tout de suite), j'ai faim. Il fait trop gris pour rester chez soi. Petit restau pour observer les travailleurs (ceux qui ne déjeunent pas dans leur bureau). Je tente le Steinway, on en parle, je n'y suis jamais allée. 12 h 45, je pousse la porte, plusieurs tables de libres, un petit moustachu vient vers moi, je lui demande en souriant si je peux déjeuner, eh bien non! Vous êtes seule? Oui mon capitaine! Pas possible j'ai des réservations. Je n'ai vu aucun carton sur les tables. Je m'en fous, je pars, je ne retournerai jamais dans cet endroit. Je voulais innover, là il pleut des hallebardes, je vais aller au Petit Gaveau, c'est à deux pas (un Gaveau c'est bien plus sympa qu'un Steinway. Tsss!). La patronne m'accueille avec le sourire, le restau est plein, chaude ambiance, elle me trouve une table bien placée au milieu de la foule. Mon plat est succulent, le pain ô le pain, d'habitude je n'en mange pas mais là j'ai fini la sauce de mes médaillons de lotte avec le pain, piqué dans ma fourchette, je sais me tenir; mon verre de vin se laisse déguster, ainsi que le macaron offert avec le café, je devrais venir plus souvent ici. A côté de moi un jeune couple avec une petite fille dans sa poussette; il n'y a pas que des travailleurs. La bambina joue à cache-cache avec moi, s'enfonçant dans sa poussette jusqu'à disparaître de ma vue et se redressant vivement en me souriant. Je ne l'ai pas laissé jouer seule; j'ai fait pareil, avec ma serviette. Non mais!
Il fait trop mauvais pour flâner en ville en sortant du restaurant.
Je rentre. L'Odet est jaune, une boue liquide, fort coefficient, risque de débordements sur les berges ce soir.
Fin de semaine!