Quand un documentaire remplace avantageusement une fiction, pourquoi s'en priver! Je découvre des pépites au rayon documentaires de la médiathèque. Après Robert Kramer la semaine dernière, vu :
. Place de la République de Louis Malle
et,
. Place de la République de Louis Malle
et,
De nombreux films sont tournés dans cette ville marocaine et ses habitants se bousculent pour les castings. La population tout entière est candidate à la figuration pour des films qu'elle ne verra jamais.
Dans ce documentaire on rentre dans les coulisses des tournages. Les sentiments du peuple marocain sont partagés entre rêve et humiliation.
"Sans quitter l'humour et la dérision, le film dresse le constat grinçant
d'un cinéma mondial qui impose ses images et ses façons de voir."
En parlant ici de ce documentaire c'est à moi que je fais plaisir. Pendant que je recadrais les images capturées sur mon écran je retrouvais la chaleur, la générosité de ce Marocain qui semblait sinon le vétéran des figurants du moins le plus expérimenté. Il allait pouvoir consolider le plafond de sa maison grâce à ses rémunérations. Et lorsqu'il évoque les tournages avec Pasolini c'est avec tant d'admiration et de respect. Mais aussi, cet autre figurant qui a réussi à travailler six jours sur le tournage et qui plaisante avec ses amis de son rôle de ministre. C'est un beau documentaire à voir et à entendre, les images que j'ai capturées ne sont que des extraits silencieux; on peut voir les scènes de casting et le film complet ici. Humour et dérision, des regards pétillants, chaleureux, fiers, défiants l'humiliation. Oui, je me fais plaisir en revoyant ces images du peuple marocain, filmé avec humanité par Ali Essafi.
"Le documentaire représente pour Ali Essafi, le réceptacle de la mémoire.
C’est pour cette raison qu’il faudrait le valoriser. C’est un style
d’utilité publique puisqu’il met en scène la réalité d’un peuple, d’une
société. « Le documentaire c’est le réel », déclare Ali. Mais de ce réel
naît une fiction. Ali Essafi est clair. Le travail d’un cinéaste qui
fait un documentaire n’a rien à voir avec celui du reporter et du
journaliste. « Réalité, ne veut pas dire vérité », explique ce
réalisateur. En effet, les faits qui sont filmés, ne sont pas pris au
dépourvu. Il y a tout un travail qui est fait en amont. Comme la
fiction, le documentaire nécessite entre-autre une écriture du scénario
et un repérage. Tout cela pour filmer le réel. Mais qu’est-ce que le
réel selon Ali Essafi. «Le réel, ça peut être filmer un bout de dialogue
entre ma mère et ma voisine ».
Ali prend au sérieux son travail, il
y met du cœur. Ceci étant, il déclare que le cinéma c’est pas sa vie.
Cela peut être son dada, mais pas toute sa vie. « La vie est plus
importante que le cinéma » Mais cette conception qu’il se fait du cinéma
ne l’a pas empêché de produire des documentaires intéressants et qui
ont été représentés dans plusieurs festivals, dont celui de Namur en
2001. Son film Ouarzazate movie réalisé en 2001 figure dans la
programmation du festival de la 6ème Biennale des cinémas arabes à Paris
en 2002. Avant Ouarzazate movie, Ali Essafi a réalisé en 1997 un film
sur les anciens combattants et intitulé : « Général, nous voilà » et en
1998, «Le silence de betteraves ». Le dernier en date est celui du «Le
blues des chikhates». Mais le documentaire qui est considéré comme le
plus important pour Ali Essafi est celui d’« Al Jazira, des voix
arabes». Ali Essafi s’est immiscé dans les coulisses de la télévision
quatarie « Al Jazira».
Ce film a eu beaucoup de succès et 2M l’a
même acheté. Cependant, le documentaire n’a pas encore été diffusé. Ali
Essafi se demande si c’est une question de programmation. En tout cas,
le réalisateur continuera à faire du documentaire, le reflet d’une
société, d’un quotidien, d’une vie. C’est selon lui le seul moyen de
faire du grand cinéma."
(Source : Essafi portrait)
Quelques recherches sur Ali Essafi :
Je n'ai pas la date de l'article ci-dessous mais Ahmed Bouanani est décédé en 2011. Donc il doit dater de 2009.
Six ans après Le Blues des Chikhate, Ali Essafi prépare un portrait de Ahmed Bouanani, artiste culte tombé dans l’oubli. Il a fallu grimper jusqu’à Aït Oumrar, au-dessus de Demnate, pour le retrouver. “Bouanani s’y est retranché il y a cinq ans, depuis que son appartement à Rabat a brûlé, avec une partie de ses archives”, explique Ali Essafi. Autant dire un pan de l’histoire visuelle et écrite du Maroc |
indépendant. Pilier de la
première génération de cinéastes formés à la prestigieuse Idhec
(actuelle Femis) à Paris, réalisateur de courts-métrages et docus pour
le Centre cinématographique marocain, Ahmed Bouanani, aujourd’hui 71
ans, est d’abord “le premier monteur professionnel du pays, doublé d’un
écrivain et d’un poète”. Membre du collectif Sigma 3 à l’origine du film
culte Wechma (1970), du comité de rédaction de la revue Souffles,
scénariste des premiers films de Daoud Aoulad Syad (Cheval de vent et
Adieu Forain) avec lequel il a co-publié un livre de poèmes et
photographies - Territoires de l'instant (2000) -, l’artiste multiple,
mais méconnu, est, trente ans après son long-métrage Mirage (1980), “une
mémoire en train de s’éteindre”, s’inquiète Ali Essafi. De Général,
nous voilà ! à Ouarzazate Movie, lui filme “les héros oubliés des
Marocains”. Produit par Cinemaat, ce documentaire est préparé “en
collaboration avec la fille de Bouanani, Touda”, précise Ali Essafi, qui
déplore ne pas avoir encore trouvé de coproduction. (Cerise Maréchaud) |